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Saint-Louis des Français (1589). — Les Espagnols : Sainte-Marie de Monserrat. — Les Slaves : S. Girolumo degli Schiavoni (1585). — Les Lorrains : S. Nicolas dei Lorenesi (1636). — Les Grecs : Saint-Athanase (1577). — Les Milanais : San Carlo al Corso (1612). — Les Siennois : Sainte-Catherine de Sienne (1326). — Les Florentins : S. Jean des Florentins. — Les Napolitains : San Spirilo dei Napoletani (1572).

Une idée essentielle a présidé à la construction de toutes ces églises, celle de faire des édifices d’une utilité particulièrement pratique ; et la première recherche fut de créer de vastes espaces désencombrés de tout support. Si l’on considère dans une vue d’ensemble l’histoire de l’architecture religieuse en Italie, on verra que cette recherche avait toujours été une de ses principales préoccupations. La solution avait été facile au début, avec les basiliques qui, grâce à leurs toitures de bois, permettaient l’emploi de murs légers et de minces colonnes ; et c’est une des raisons qui expliquent la longue persistance de ce type en Italie. Les pays du Nord, en voûtant leurs églises, furent obligés de se contenter de nefs très étroites encombrées de lourds piliers. Lorsque les recherches des architectes gothiques les conduisirent à supprimer les murs pour les remplacer par des vitraux, ils furent obligés d’adopter un système de construction qui encombrait plus encore de piliers l’intérieur des églises. Aussi les Italiens se refusèrent-ils longtemps à adopter ce système et, lorsqu’ils le firent, ce ne fut qu’en lui faisant subir de profondes modifications. Désireux avant tout de conserver de vastes espaces intérieurs, ils renoncent aux grandes hauteurs de nefs qui compliquent le problème des supports ; surtout, ils maintiennent les murs qui, grâce à leur force de résistance, leur permettent de construire des églises aussi larges que les églises françaises sans multiplier les piliers. Il suffit, comme exemple, de citer la cathédrale de Florence dont la largeur est de 40 mètres de mur à mur, et la longueur de 80 mètres, qui est aussi haute que la cathédrale d’Amiens, et qui n’a comme soutiens que six piliers, alors que la cathédrale de Paris, dans le même espace, en a près de quarante. En agissant ainsi, en conservant la longue surface des murs, les Italiens perdaient, il est vrai, l’incomparable beauté d’une église tout illuminée par le coloris des vitraux, mais ils y gagnaient de pouvoir faire un édifice plus logique et d’une plus grande utilité pratique.