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supérieure et l’inférieure ; de telle sorte que la façade semble une masse unique faite d’un seul bloc. Son œuvre est beaucoup moins séduisante que celle de Vignole, moins artistique, mais précisément, en raison même de sa sévérité et surtout par sa tendance à créer un art nouveau, par sa recherche de la grandeur des effets et du verticalisme de la construction, elle est une œuvre d’un plus grand intérêt historique, une œuvre destinée à exercer sur l’art une action plus profonde[1].

Tout va évoluer dans ce sens et nous verrons plus tard apparaître une série de façades dont les plus belles sont celles de Sainte-Suzanne (1600), par Charles Maderne, celle de Saint-Ignace (1626) par l’Algarde, et celle de Sant’Andrea della Valle, par Carlo Rainaldi. Mais déjà cette dernière appartient à l’âge nouveau du XVIIe siècle, qui ne se contentera plus de la gravité de la Contre-Réforme et qui veut remettre la joie dans les églises comme dans la pensée des hommes.


Constructions civiles. — Les Palais vont se transformer comme les églises. Le Vatican de Bramante, cette immense construction enfermant une longue cour de 300 mètres, qui semblait faite, comme les anciens stades de Rome, pour ne servir qu’à des fêtes, à des tournois et à des carrousels, on n’en veut plus : on ne l’achève pas, on la mutile, et l’œuvre, malgré son utilisation récente comme Musée, gît devant nous comme une lamentable ruine.

La partie même du Vatican que les papes ont habitée pendant quelque temps, les bâtimens du Belvédère et de la Cour de Saint-Damase, ils l’abandonnent pour faire construire des palais plus sévères. Les nouveaux palais du Vatican et du Latran, construits par Dominique Fontana, sont bien vraiment les palais, on pourrait dire les couvens tels que les papes les voulaient alors pour leur demeure.

Dans cette Rome qui avait vu toutes les finesses décoratives de Raphaël et de Peruzzi, au palais Madame et à la Farnésine, dans cette Rome qui avait si facilement trouvé le décor que

  1. Voici une liste de quelques-unes des façades les plus significatives de la Contre-Réforme : San Spirito, par le Bolonais Mascherino (sans doute la plus ancienne) ; Sainte-Catherine des Funari (1563), le Gesu (1568), Sainte-Marie du Mont (1580), Saint-Louis des Français (1589), toutes les quatre par Giacomo della Porta ; S. Girolamo degli Schiavoni (1585), et Sainte-Marie in Vallicella (1599). par Martino Lunghi le vieux.