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disait à M. Briand : — Allez-vous-en, vous nous gênez, quand vous serez parti nous serons tous d’accord. — La Chambre se moquait alors de M. Cruppi, et le huait même quelque peu. Demain, elle l’applaudira. O comédie !


La mort de M. Fogazzaro, qui a succombé à l’âge de soixante-dix ans après une opération douloureuse, donne un intérêt plus grand et plus touchant au roman que nous publions de lui. Il le considérait comme son testament : il y a mis les idées religieuses qui étaient la préoccupation continuelle de son esprit et de sa conscience, ses aspirations vers un catholicisme élargi, sa volonté de rester quand même uni et soumis au chef de l’Église. Il avait exprimé ses aspirations dans le Sainte Leila se termine, on le verra, par sa soumission. C’était une intelligence très noble, très élevée, en même temps qu’un écrivain et un romancier de grand talent. Il faisait honneur à son pays, et la Revue, qui a publié plusieurs de ses romans, doit un hommage à sa mémoire. Sentait-il sa fin prochaine quand il écrivait Leila ? On peut le croire devant le beau portrait qu’il fait d’un vieillard qui voit venir la mort avec sérénité et résignation, tout en gardant pour lui le secret de ses pensées profondes. Le fait même qu’il a donné à la maison où l’action commence et où s’en déroulent les principales péripéties, le nom de sa propre maison de campagne près de Vicence, La Montanina, prête plus de consistance à cette supposition. Quoi qu’il en soit, M. Fogazzaro a mis beaucoup de lui-même dans les deux personnages les plus sympathiques de son roman, Marcello et Donna Fedele. Il a eu le temps de terminer cette dernière œuvre, de la voir paraître en volume en Italie, de veiller à la traduction que devait en publier la Revue. Il n’est pas mort tout entier.


FRANCIS CHARMES.

Le Directeur-Gérant, FRANCIS CHARMES.