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L’ESPRIT DE LA NOUVELLE SORBONNE.

plus jeunes qui vivent intellectuellement de leur côté et que votre vie intellectuelle tient en éveil, tient en curiosité et encourage. Rien de plus. Il semble, — car les renseignemens nous manquent un peu, — que Platon faisait de l’enseignement secondaire et Aristote de l’enseignement supérieur. Platon pensait devant ses amis, Aristote communiquait à ses élèves des faits et des méthodes. Ils avaient tous les deux un rôle de quelque importance.

Par ce commerce intellectuel, ne faisant point penser, mais aidant à penser ; ne rendant pas intelligent, mais aidant à être intelligent et à le devenir davantage ; ne donnant point le goût, mais habituant et excitant à en avoir un ; les professeurs d’enseignement secondaire, dans leur modeste sphère, conduiraient, aideraient à aller à la licence et à l’agrégation, examens très humbles, mais encore trop dédaignés peut-être par quelques professeurs de l’enseignement supérieur. Ils auraient le titre de professeurs d’enseignement secondaire à la Sorbonne. Comme leurs collègues de l’enseignement primaire à la Sorbonne, il serait inutile qu’ils fussent docteurs ; il suffirait qu’ils fussent agrégés, c’est-à-dire qu’ils eussent parcouru tout le cycle de l’enseignement secondaire (il en était ainsi à l’ancienne Ecole normale). Ils devraient tous n’être pas trop spécialisés ; professeurs de littérature, être un peu philosophes et savoir de l’histoire ; professeurs d’histoire, être des lettrés et de bons écrivains, etc. C’est là même qu’est l’esprit de l’enseignement secondaire. Il va de soi que jamais, sous aucun prétexte, fussent-ils docteurs, ils ne pourraient prendre part aux soutenances de thèse ; car ils pourraient fausser l’examen, étant sensibles à des qualités qui, au point de vue de l’enseignement supérieur, sont des défauts, et à des défauts qui, au point de vue de l’enseignement supérieur, sont des qualités. Les voyez-vous recevant une thèse parce qu’elle serait spirituelle et bien écrite ; ou la refusant parce qu’elle serait lourde de documens ! Ils seraient tenus, à l’égard des professeurs d’enseignement supérieur, à certains devoirs de déférence, sans exagération.

Et enfin, au premier étage, l’enseignement supérieur, où l’étudiant passerait, naturellement, rationnellement, après avoir réussi à l’agrégation. Ici, je puis être court, n’ayant qu’à vous renvoyer à mon premier article que je n’aurais qu’à répéter. L’enseignement supérieur, avec son érudition la plus vaste et la