Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/547

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA FILLE DU CIEL.

convenait d’envoyer à Pékin, mais j’ai dû payer chèrement sa discrétion. Prince-Fidèle. — Si nous gagnons par là quelques jours de répit, il ne faut pas regretter l’appât jeté dans la gueule du Tigre : les trésors des Ming, heureusement, sont loin d’être épuisés et les souterrains, inconnus des Tartares, en recèlent encore, plus qu’il n’en faut pour soutenir la guerre. (Ils s’éloignent en causant.) Lumière- Voilée, causant avec un conseiller. — C’est la manière d’obtenir des calebasses d’un rouge magnifique : on greffe le jeune plant avec des crêtes de coq... Un conseiller. — Des crêtes de coq !... Se peut-il? Lumière-Voilée. — On les enfouit à côté des racines et il faut faire passer les tiges à travers la chair... Un secrétaire. — Je connais aussi un procédé pour obtenir des courges d’un bleu céleste. Le conseiller, à Lumière-Voilée. — D’où tenez-vous la recette ? Lumière- Voilée. — Je l’ai lue dans le Tou-Tien-Chan, un ouvrage en vingt volumes qui contient vraiment les plus curieux secrets de l’horticulture. (Ils passent.) Un officier. — Que notre Impératrice est bonne de nous donner audience en plein air, au milieu des fleurs !... Un gros mandarin. — Et de nous dispenser des prosterne- mens ; à mon âge, avec ma corpulence, cet exercice est très pénible, et l’on est, vous ne l’ignorez pas, si facilement ridi- cule!... Prince-Ailé, à Prince-Fidèle, en regardant de loin l’Empe- reur Tartare et Puits-des-Bois. — J’ai rencontré une fois le gouverneur du Sud, mais je dois le confondre avec un autre, car je me souviens d’ua personnage tout différent de celui-ci. Cependant, si j’avais déjà vu ces yeux-là, il me semble qu’ils seraient restés dans ma mémoire. Prince-Fidèle. — En effet, il a une expression de visage et une dignité peu ordinaires, L’Empereur, à Puits-des-Bois. — Pourquoi sembles-tu si inquiet? PuiTS-DES-Bois, bas. — Pourquoi ?... Je suis certain d’avoir