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ou en fait, l’étalon d’or, les capitaux flottans, en quête de placemens temporaires, se transportent là où ils trouvent la rémunération la plus élevée, et vont s’employer en escompte ou en avances, dans la ville qui les attire par ses taux. Il n’est pas bon d’opposer des obstacles artificiels, nés par exemple des difficultés qu’une banque centrale ferait pour se dessaisir de son or, à l’évolution du phénomène qu’on peut comparer à celui des vases communicans, et qui tend dans une certaine mesure à niveler dans le monde l’étiage du loyer de l’argent. La Banque de France a été une des premières à le comprendre et à gouverner les mouvemens de son encaisse avec une largeur de vues et une conception de son rôle qui n’ont fait qu’accroître l’autorité qui lui est universellement reconnue.

« La Banque de France, » comme le disait si justement M. Fernand Faure, le 7 mai 1910, aux conseillers du commerce extérieur de Bordeaux, « a réussi à conjurer en 1887 et en 1889 des crises dont les causes étaient françaises. Elle en a conjuré en 1891, 1907 et 1908, dont les causes résidaient à l’étranger. Et on a pu dire sans exagération que, sans altérer aucunement son caractère de banque éminemment française, elle a su devenir une sorte de grande banque internationale. »


IV

Les rapports de la Banque de France avec les finances publiques sont le côté de son activité le plus intéressant à étudier pour l’homme politique. Il convient d’entrer à cet égard dans des détails circonstanciés, et de préciser la situation respective de l’institut d’émission et du Trésor. Autant il est naturel que celui-ci obtienne toutes sortes d’avantages en échange de la concession accordée par le gouvernement, autant il est essentiel que les avantages ne consistent pas en une mise à la disposition du budget des ressources de la Banque. Qu’elle rende au ministère des Finances de nombreux services matériels, qu’elle opère une partie ou la totalité de ses mouvemens de fonds, qu’elle soit chargée du paiement des coupons de la rente et même, comme en Angleterre, de toute l’administration de la Dette publique, qu’elle soit l’instrument par l’intermédiaire duquel s’exécutent les conventions monétaires, telles que celles de l’Union latine, qu’elle surveille, pour compte du