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le sang de mes frères a coullé et coullent encore, tout crie vengence et tout ceux qui ont joué la rolle de contre-révolutionnaire sont digne de jouer à la main chaude. »

Le dénonciateur accusait ensuite le marquis de Cornulier d’avoir passé à l’étranger chargé d’une mission par son beau-père le banquier et d’avoir pris diverses mesures pour que son voyage fût ignoré. Par conséquent, le banquier était son complice, la citoyenne de Saint-Pern également.

« Cette exécrable femme à conspiré contre la souveraineté du peuple ; je l’ai entendu cette scélérate souhaiter la mort de Marat et c’est elle qui est la cause de tout le mal que son père et son gendre ont pu faire… Je croyais voir dans ces individus une bande d’imbecille, jetter dans un grand fleuve chacun une poignée de sable dans l’intention d’en arrêter le court, je disais ils n’arrêterons pas le torrent et lorsqu’ils verrons qu’ils ne peuvent troubler lau, ils aurons honte de leur follie et renoncerons à leur projet. Mais j’étais loing de penser que d’autre individu doublement célérat se couvrait d’un masque patriotique pour seconder ce être malfaisant. Lorgueil et la vanité des uns n’aurait pu faire aucun mal sans la perfidie des autres.

« Maintenant que je suis convaincu de leur intention meurtrière, je les dénoncent au Comité de salut publique lequel trouvera dans sa sagesse les moyens de leur faire subir la peine due à leurs fort faits. »

Tout porte à croire que cette dénonciation avait été inspirée par un ou plusieurs des domestiques qui servaient chez Magon de la Balue. Ce qui permet de le supposer, c’est que le citoyen Haupton, en même temps qu’il accuse les maîtres, défend les gens, lesquels, à l’entendre, « sont de vray patriotte si on en exepte une vieille femme de charge radotteuse et fanatique ; j’en comte au moins 10 qui nont jamais celon moy variez dans leurs opinions révolutionnaires. »

Adressé par erreur au Comité de Salut public, le document fut transmis par lui au Comité de Sûreté générale. Ils étaient accoutumés l’un et l’autre à en recevoir de pareils et ils n’ignoraient pas sur quelles bases souvent fragiles se fondaient les dires que renfermaient ces délations. Ils ne considéraient pas toutefois que ce fût une raison pour n’en pas tenir compte. Elles étaient renvoyées aux secrétaires des Comités, et ceux-ci y relevaient soigneusement tout ce qui pouvait constituer une