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générations, pouvaient être intellectuellement inférieures aux hommes ; mais qu’en vertu de leur nature, elles avaient une égale capacité morale et religieuse. Invoquant l’exemple de Mmes Fletcher et Rogers dans l’Eglise méthodiste, elle revendiquait pour ses semblables le droit de prier, de parler aux « agapes, » de diriger le chant dans le culte. « Combien, s’écriait-elle, y a-t-il, dans nos Eglises, de Lydie, dont on laisse les talens sans emploi pour l’avancement du règne de Dieu ? »

Mais, si elle réclamait tous ces droits, elle n’avait pas moins conscience de ses devoirs, et en particulier des obligations qui incombaient à une femme de pasteur. « La femme, disait-elle, qui voudrait servir sa génération conformément à la volonté de Dieu, doit faire de sa culture morale et intellectuelle l’occupation capitale de sa vie. En agissant ainsi, elle s’élèvera à la vraie dignité de sa nature et se trouvera merveilleusement capable de faire tourner les devoirs, les joies et les chagrins de la vie domestique au plus grand bien et d’elle-même, et de tous ceux qui sont dans la sphère de son influence. » Toute la vie de Catherine Booth a été le commentaire éloquent de ces pensées de sa jeunesse, et, ayant réussi à les persuader à son fiancé, elle a imprimé à l’Armée du Salut son cachet propre. Elle-même prêcha plusieurs fois, avec succès, à la chapelle méthodiste de Gateshead (1860) et inaugura en Angleterre le ministère féminin de l’Evangile.

W. Booth épousa Catherine, en juin 1885, et sa femme ayant reconnu en lui un vrai talent d’orateur populaire, l’encouragea dans sa vocation de pasteur itinérant. En vain les synodes dirigeais de la nouvelle connexion méthodiste s’efforcèrent-ils de le retenir à la tête des paroisses de Sheffield et de Gateshead. L’appel de la voix intérieure fut plus fort que le souci de son intérêt. Comme le président de son Eglise l’avait blâmé de ses tournées d’évangélisation et de la permission qu’il avait donnée à sa femme de prêcher à l’église, W. Booth lui offrit sa démission et ajouta ces mots : « Vous me demandez ce que je me propose de faire. Je veux être évangéliste. Je ne saurais sacrifier mon devoir envers Dieu et envers les âmes. Je sais que je m’expose, moi et les miens, à des perles et à des difficultés ; mais je me sens poussé par le sentiment du devoir envers les âmes qui périssent et envers l’Église. Confiant en Dieu seul, je m’offre pour l’œuvre évangélique, d’abord aux Eglises de la conférence