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et engagemens électoraux nous obligerait à les ramener à 243 députés, partisans déclarés de la représentation proportionnelle, et 75 partisans d’une réforme électorale ; en revanche, 162 députés n’ont rien écrit, dont une bonne moitié nous a donné des gages de dévouement non équivoques. Encore est-il à noter que le recueil des professions de foi, le Barodet, — du nom de son inventeur, — ne contient, pour chaque député, qu’un seul document, celui qui est considéré comme son affirmation de principes, et comme tel transmis par les préfets au ministre, puis par le ministre à la Commission. Mais, pour combien d’élus du premier et surtout du second tour la représentation proportionnelle n’a-t-elle pas été, plutôt qu’une question de principe, une question d’élection, qui n’a point fait l’objet d’une déclaration solennelle, mais n’en a pas moins provoqué de leur part un engagement, écrit ou oral, public ou semi-public, dont il ne leur saurait être, dont il ne leur sera pas permis de se délier ? Ce qui est incontestable, c’est que le groupe parlementaire de la représentation proportionnelle et de la réforme électorale, à peine reconstitué, compta dans la nouvelle Chambre 318 adhérens, et que les élections partielles, ou des adhésions plus récentes, ont porté ce nombre à 329. Ce qui est certain encore, c’est que, lors de la nomination de la Commission du suffrage universel, 236 députés, malgré les animosités de partis et peut-être les antipathies de personnes, votèrent intégralement pour la liste proportionnante, où figuraient des hommes de tous les partis. Les autres, entre 236 et 329, ou étaient en congé, ou s’abstinrent, ou bien s’abandonnèrent à quelque fantaisie, mais on n’en relèverait pas plus de 26 qui se soient sciemment ou innocemment livrés à un panachage inquiétant. Or, qui de 329 ôte 26, il reste 303, c’est-à-dire la majorité. Et une majorité républicaine, puisque M. le président du Conseil tient à ce que c’en soit une qui prenne la charge de la réforme. Je n’oublie pas qu’après le premier tour de scrutin, une feuille, qui passe pour lui être attachée, publia des graphiques tendant visiblement à établir que la plupart des élus proportionnalistes de ce premier tour étaient des réactionnaires, tandis que la plupart des antiproportionnalistes étaient des républicains : lisons, s’il vous plaît, des radicaux-socialistes et socialistes indépendans, ce qui, dans l’intention du rédacteur, n’était pas fait pour accroître les chances des proportionnalistes au second tour, ni la