Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/798

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

792 REVUE DES DEUX MONDES. SCÈNE III L’EMPEREUR TARTARE, L’IMPÉRATRICE. (L’Empereur s’avance tandis que les quatre guerriers de sa suite restent en arrière. Sur un signe de l’Impératrice, les filles d’honneur et les autres assigtans reculent jusqu’au fond de la scène.) L’Empereur, ployant le genou devant elle comme le jour du sacre. — souveraine, ô guerrière ! Puissent, un jour, s’éclair- cir pour vous les destins noirs ! (Il se relève.) L’Lmpératrice, tremblante. — Ah! laissons les formules vaines! Les minutes nous sont avarement comptées... Bas les masques, et parlons vite: qui êtes-vous? Un Tartare, liélas ! n’est-ce pas?... Sans cela, vous n’auriez pu franchir leur cercle de fer... Un Tartare, dites? L’Empereur. — Oui ! L’Impératrice. — Un espion, alors, quand vous vîntes le jour du sacre? Rien qu’un espion, hélas! L’Empereur. — ’■ Non ! Un qui jouait sa vie, ce jour-là, comme à présent, pour sauver la vôtre. L’Impératrice. — Ah ! ma vie n’importe plus, et le droit de la sauver n’appartient à personne... Auprès de l’Usurpateur qui règne à Pékin, quel rôle est le vôtre?... Ministre secret pour les aventureuses besognes? Non, grand dignitaire plutôt, dites? L’Empereur. — Oui. L’Impératrice. — Et prince? L’Empereur. — Eh I qu’importe qui je suis ! C’est de Votre Majesté qu il s’agit, non de moi-même. Daignez entendre ce que l’Empereur... L’Impératrice, interrompnt. — Où est-il, votre Empereur? A la tête de ses armées ? L’Empereur, avec embarras. — Mais... non, dans son palais, là-bas... Les rites, je ne vous l’apprendrai point, ne lui per- mettent pas d’en sortir. (Pendant tout ce dialogue, ou ne cesse d’entendre, dans les lointains de la ville, le canon de la liataille.) L’Impératrice. — Les rites, ah! les rites!... Vous voyez ce