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798 REVUE DES DEUX MONDES. rait ma couche ; ces galeries souterraines abritent mon tombeau. (La fjorte de bronze s’ouvre. La Perle se jette à genoux et cache son visage. Lotus-d’ Or, restée un /;eu en de^iors du groupe, s’est agenouillt’e près de Porte-Flèche et lui parle bas, en lui soute- nant le front.) Inutile à présent, ce tombeau orgueilleux, dès longtemps édifié dans le mystère... Là plutôt, là parmi la belle flamme et la tumultueuse fumée, mon âme s’envolera vers les nuages... Rien de moi ne restera, que les mains d’un Tartare puissent profaner ; ils m’auront cernée vainement, je leur échappe dans l’air... ÉlégaiNCe, s’ agenouillant ausn. — Mais, souveraine, puisqu’il est caché, ce tombeau, puisqu’il est inviolnble, laissez au moins vos filles vous ensevelir là, dans la magnificence... Laissez, de grâce, bien-aimée souveraine!... Cette tlamme, pourquoi cette flamme?... Non, c’est trop horrible. L’Lmpératrice. — Enfant, ignores-tu donc l’histoire de notre race?... Mon ancêtre, vaincu ici même, vaincu comme je le suis, et qui s’était donné la mort... Une heure après, sa tombe violée, son corps dans la rue, jeté en pâture aux chiens et aux vautours... Allons, j’ai dit ma volonté... Prince-Fidèle, va l’appeler; il s’épuise à d’inutiles besognes; son sang coule,... tiens, inondant sa robe... Sa blessure s’est rouverte, il n’y prend pas garde... Au moins qu’il ait le temps de recevoir mon adieu... Va! je le veux... (Élégance se relève et fait quelques pas vers le Prince. Pendant le le dialogue précédent, Prince-Fidèle a fait allumer d’autres torches et les soldats qui les portent sont entrés dans le souterrain.) ÈiAQk-^CEj s avançant vers Prince-Fidèle. — Prince !... L’Impé- ratrice... (Prince-Fidèle s’approche aussitôt de l’Impératrice.) SCÈNE VI L’IMPÉUATRICE, PRINCE-FIDÈLE, LUMIÈRE- VOILÉE, LE CHEF DES SOLDATS, LE VEILLEUR. L’Impératrice, à Prince-Fidèle. — Prince, je voulais vous dire adieu, et que ma dernière parole fût pour vous, avec mon remerciement suprême. (Sa main élève la coupe empoisonnée.)