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point que certains libres penseurs, élevés dans un milieu puritain, affirment ressentir un véritable malaise, une horreur instinctive si forte à la vue des cartes, qu’il leur serait impossible d’y jouer.

On dit cependant que dans ces dernières années une réaction contre le puritanisme se dessine. D’après la statistique, le nombre des théâtres et « music-halls, » et le nombre des personnes qui les fréquentent, ont beaucoup augmenté depuis quelque temps. Le peuple surtout pense davantage à s’amuser, et si ses divertissemens out un caractère fort peu esthétique, foot-ball et cricket matches par exemple, ils n’en prouvent pas moins une recherche du plaisir. Il est donc possible que l’hédonéphobie diminue, du moins dans sa forme la plus apparente, en tant que haine de tout plaisir ; elle est toutefois loin de disparaître, et se manifeste seulement d’une façon plus subtile. Le puritanisme anglais changera peut-être de forme ou s’appliquera à des objets nouveaux ; mais il tient à la race, et il y a lieu de croire qu’un caractère fixé depuis plusieurs siècles se maintiendra encore longtemps.


LEONORA C. HERBERT.