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communauté des collèges électoraux particuliers ; son appui fut assez efficace pour faire obtenir à ses candidats des succès inespérés, surtout dans les Provinces-Unies et la province de Madras.

Tout d’abord déconcertés et mécontens, les nationalistes hindous, après avoir blâmé les tendances de l’Indian Councils Act, s’étaient mis à l’œuvre avec énergie pour avoir, dans les Conseils, des représentans habiles et audacieux. Les conditions d’éligibilité, comme les cas de disqualification, le serment d’allégeance exigé des élus, leur enlevaient le concours des hommes les mieux préparés et les plus influens. La supériorité de leur organisation, la connaissance de la tactique électorale dont ils faisaient depuis vingt-cinq ans l’expérience dans les scrutins préparatoires du Congrès national n’ont pu les faire triompher des Musulmans aux élections du Conseil impérial où les deux partis sont numériquement à peu près égaux ; mais ils leur doivent de sérieux avantages dans les conseils provinciaux où les Musulmans n’ont pas obtenu tous les sièges que le nombre de leurs électeurs semblait leur réserver.

Ainsi qu’on pouvait le prévoir, les élections de décembre 1910 ont révélé l’utilité de quelques modifications ultérieures à l’Indian Councils Act. C’est probablement pour affirmer sa loi dans la réforme qu’il a provoquée, autant que pour donner à son successeur les élémens d’une appréciation d’ensemble, que lord Minto n’a pas usé de ses prérogatives et qu’il a simultanément promulgué la loi électorale dans les diverses provinces de l’Empire. La pratique a permis la manifestation de quelques doléances et mis en évidence les imperfections que des réglementations de détail supprimeront pour les élections de 1913. Au Punjab, le comité central de la Ligue Musulmane demande la substitution de l’élection à la nomination des Conseillers pour l’assemblée provinciale et le Conseil impérial. Dans le gouvernement de Madras, l’opinion sur les effets du nouveau régime est optimiste, mais elle désire que la réglementation actuelle ne soit pas définitive. Au Bengale, les clauses restrictives ont eu beaucoup d’influence ; une foule de Zémindars notables sont exclus des groupes de propriétaires électeurs. Dans les Provinces-Unies, les grands possesseurs de biens fonciers ont affirmé leur force en décidant du résultat des élections. A Bombay, les scènes dans les bureaux du scrutin ont été analogues à celles d’Angleterre ; une file continue d’automobiles et de gharries