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étaient placardés les noms des candidats allait chercher les électeurs et les transportait jusqu’aux salles de vote.

Au Conseil impérial, où la personnalité du vice-roi semble devoir être écartée des séances, les classes et les intérêts de la population ne sont pas moins bien représentés que les races et les croyances. Si l’on y voit, côte à côte, les grands seigneurs indigènes comme le maharajah de Burdwan ou le Kur Sahib de Patiala, les chefs du swadeshisme avec le Pandit Malaviya qui présida le Congrès national de Lahore, ou Bupendranath Bose, politicien avancé du Bengale, les brahmanes du Deccan dans la personne de Gokhale, les Musulmans avec M. Jinnah, le bonnet noir du Parsi, le foulard en soie du Birman, la finance israélite sous les traits de sir Sassoon David, il y a aussi les riches propriétaires terriens, véritables représentans de l’Inde « où l’agriculture est encore la plus grande des industries nationales, » qui feront équilibre aux citadins instruits à l’occidentale et trop enclins à se considérer comme les seuls interprètes autorisés des populations. L’état des mœurs n’a pas encore permis d’introduire au Conseil impérial ni aux conseils provinciaux quelques mandataires des cinquante millions d’ « immondes » appartenant aux « depressed castes » car on ne saurait attribuer cette qualité aux Hindous orgueilleux qui la revendiquent et qui se déclarent « souillés » par le moindre contact avec les « pariahs ; » mais les dirigeans anglais, tout en se refusant à violenter les préjugés populaires, prévoient la fin de cette injustice sociale et semblent compter surtout sur les progrès du christianisme ou de l’islamisme pour la faire cesser.

D’après ce que l’on a pu observer pendant la première session qui fut close le 30 mars 1910, le fonctionnement du régime parlementaire restreint établi par l’Indian Councils Act n’a pas causé de mécomptes. Contre toute attente, les fonctionnaires anglais, membres des Conseils, n’ont pas été, dans les discussions, inférieurs aux Bengalis éloquens et retors ; même, avec un peu d’optimisme, on espère que « le contact personnel établi entre les représentans du gouvernement et la classe supérieure des politiciens indiens peut faire diminuer les préjugés qui existent dans les deux partis. » Les grands problèmes qui intéressent l’Empire ont été étudiés avec le visible souci de trouver des solutions pratiques et satisfaisantes. La division du Bengale n’a plus causé que des controverses platoniques, mais la situation