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des complicités morales et surtout de la préparation psychologique des agens d’assassinat. Ce sont le plus souvent de pauvres dégénérés, frottés de civilisation occidentale ; ils appartiennent à la classe des instrumens hypnotiques et sont entraînés au meurtre par la suggestion.

A Dacca, où les passions politiques sont surexcitées depuis la « division du Bengale, » l’application de l’ordonnance sur les réunions séditieuses et la dénonciation d’un faux conjuré firent découvrir un complot qui avait ses ramifications au-delà de la province, jusqu’à Calcutta et même jusqu’à Rangoon. La police put saisir, avec des fonds, une petite cartoucherie, des armes, des munitions, des formulaires d’explosifs, une volumineuse correspondance qui expliqua l’organisation révolutionnaire dans les deux Bengales. Elle établit aussi la connexité entre cette affaire et les conspirations de Khulna et d’Howrah qui envoyaient devant un tribunal spécial à Calcutta plusieurs dizaines d’Hindous, dont la plupart « riches et bien posés, » sous l’inculpation « d’encouragement à la guerre contre le Roi-Empereur ; » elle donnait enfin la preuve des relations sympathiques entre les révolutionnaires et quelques parlementaires anglais tels que Keir Hardie, sir H. Cotton, Morrell, Mackarnes, qui, trompés par une phraséologie habile, ne leur ménageaient pas les vœux et les conseils. A la fin de l’enquête, en décembre 1910, 44 accusés étaient traduits devant la Haute-Cour pour « excitation à la guerre, réunions séditieuses et dissimulation d’armes en vue de la guerre. »

Toutes ces conspirations n’ont pas arrêté la série des attentats individuels, des dacoïties politiques, des tentatives criminelles contre les trains, la fabrication et l’usage des bombes, l’importation clandestine d’armes, les appels enflammés de la presse, les rixes entre Hindous et Musulmans. Pour le prétexte le plus futile, des quartiers de ville en viennent aux mains ; à Calcutta, le 9 décembre, le sacrifice d’une vache par les Musulmans a mis en révolution pendant trois jours le tiers de la ville et causé 100 arrestations pour 6 morts, 300 blessés, 63 admissions à l’hôpital ; à Bombay, le 12 janvier 1911, pendant les l’êtes de Mohurrum, la troupe a dû intervenir dans une échauffourée, et les deux partis en présence ont laissé 18 morts et 24 blessés sur le terrain.

La division du Bengale, la séparation des collèges électoraux