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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Il y a peu de chose à dire de notre politique intérieure. La discussion du budget s’éternise à la Chambre ; elle ne manque parfois pas d’intérêt, mais elle manque singulièrement de mesure et se perd dans des méandres infinis. Nous nous garderons de l’y suivre, sauf à revenir plus tard, s’il y a lieu de le faire, sur quelques-unes des questions qui y sont traitées pêle-mêle. Au surplus l’attention n’est pas là ; elle se porte plutôt sur la politique étrangère, qui a été l’objet, au Sénat, d’un débat important et dont nous voudrions indiquer les traits principaux. Nous commencerons par l’Angleterre parce que c’est, dans l’ordre chronologique, le premier pays où se soient produites des manifestations politiques dignes d’être relevées.

Si un avait besoin d’une preuve nouvelle des intentions pacifiques de son gouvernement, on la trouverait avec un éclat peut-être trop démonstratif dans les paroles que sir Edward Grey a récemment prononcées à la Chambre des Communes. On y discutait le budget de la marine. Sir E. Grey a développé des considérations d’un caractère général sur les arméniens de plus en plus formidables auxquels se livrent toutes les nations de l’Europe et du monde, et il s’est demandé où s’arrêterait cet entraînement universel. Singulier paradoxe, a-t-il dit : toutes les nations veulent la paix ; on pouvait espérer que les progrès de la civilisation eu amèneraient le triomphe définitif et que ce nouvel ordre de choses serait consacré par le désarmement : c’est le contraire qui arrive et les nations les plus civilisées sont celles qui arment davantage. Jusqu’ici les observations de sir E. Grey n’avaient rien de bien original ; sa pensée est devenue plus intéressante lorsque, après avoir dit que la concurrence dans la voie des arméniens prendrait fin le jour où les ressources financières des diverses nations seraient épuisées, il a ajouté que l’Angleterre résisterait plus