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longtemps que les autres parce que les impôts y pèsent moins lourdement sur le contribuable peu fortuné. Ailleurs, à l’entendre, l’impôt amènera la famine pour certaines parties de la population et alors il faudra bien s’arrêter. Nous n’entrerons pas ici dans une controverse sur ces considérations où le vrai et le faux sont mêlés : lorsque les classes riches sont trop lourdement atteintes par l’impôt, la charge retombe sur les autres par une répercussion inévitable et le corps social souffre tout entier. Après ces préliminaires qui appartiennent mi-partie à l’ordre politique, mi-partie à l’ordre philosophique et social, sir E. Grey s’est détourné de l’Europe pour regarder du côté de l’Amérique et il a reproduit quelques paroles que M. Taft a prononcées au mois de décembre dernier, au sujet d’une convention possible « avec une grande nation qui s’en tiendrait au jugement de la Cour d’arbitrage international pour tous les points qui ne peuvent pas être réglés par des négociations, qu’il s’agisse de questions d’honneur national, de questions de territoires ou de questions d’argent. » Sir E. Grey a salué ces paroles avec enthousiasme : il a déclaré que si une ouverture était faite dans ce sens par les États-Unis à l’Angleterre, l’affaire serait soumise directement et immédiatement à l’approbation du parlement ; mais il a avoué qu’aucune ouverture conforme aux paroles de M. Taft n’avait encore été faite à l’Angleterre, et nous ignorons quelle suite sera donnée à l’invite pressante que le ministre anglais vient à son tour d’adresser au gouvernement des États-Unis. Il ne semble pas en effet que, jusqu’ici du moins, l’opinion américaine l’ait accueillie avec beaucoup d’empressement et ‘avenir de cette suggestion est encore incertain.

En Angleterre même, l’opinion est restée un peu hésitante. On y tient trop à être bien avec les États-Unis pour ne pas montrer, en toutes circonstances, les meilleures dispositions à l’égard des manifestations diplomatiques, parlementaires ou autres de nature à amener un rapprochement plus intime entre les deux pays. Il y a peu de concessions que l’Angleterre ne soit pas disposée à faire pour un aussi grand intérêt. Mais enfin les paroles de M. Taft n’ont pas été suivies d’une proposition concrète et sir E. Grey semble avoir raisonné in abstracto. M. Balfour a repris l’affaire dans un discours très remarquable et très remarqué. Il a donné aux vues du gouvernement une approbation entière. Comment aurait-il pu en être autrement ? M. Balfour a fait autrefois partie d’un ministère qui avait négocié, lui aussi, avec les États-Unis un traité d’arbitrage général. On avait même abouti alors à un résultat positif, c’est-à-dire à un