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des troupes françaises, affirmant que les Russes et les Anglais ont juré de respecter sa neutralité et de ne pas lui offrir ou imposer un seul soldat.

C’était le moment où Napoléon comptait sur les succès des amiraux Ganteaume et Villeneuve, et du camp même de Boulogne menaçait l’Autriche de lui prendre Vienne, si elle ne retirait ses troupes d’Italie, puis signait un traité d’alliance avec la Bavière. Il informait en même temps, à la date du 23 août 1805, le maréchal Berthier que le général Saint-Cyr recevrait probablement dans la nuit l’ordre de marcher sur Naples et de prendre possession de ce royaume. Il ne consentirait à épargner la monarchie que si elle confiait le commandement de ses troupes à un officier français, licenciait les milices, prenait des ministres modérés et tenant aux meilleures familles napolitaines. Sinon, non.

Alquier continue à dénoncer la Reine et affirme qu’elle est la cause de tout le mal. Grâce à elle, la Cour est trop engagée avec ses alliés, russes et anglais, pour abandonner ses préparatifs et modifier son système. En effet, un traité secret d’alliance entre Naples et la Russie pour libérer le royaume de l’oppression qui l’accable est signé, sans que le marquis de Gallo en sache le moindre mot. Les Russes espéraient entraîner les Napolitains contre la France pour une diversion éventuelle et forcer les opérations des Autrichiens dans le Nord de l’Italie. Et pendant ce temps, Gallo, confiant dans la déclaration de la Cour, signait le traité de neutralité avec la France, sans autre engagement apparent que celui d’observer et de défendre la dite neutralité contre toute offense et de ne donner accès dans le royaume ni à des troupes, ni à des flottes d’aucune puissance belligérante. Napoléon y lit ajouter deux autres conditions : ne jamais reconnaître aux Anglais la souveraineté de Malte et interdire l’entrée du royaume à Acton. Gallo informait, le 21 septembre 1805, Marie-Caroline de cet acte important par lequel la famille royale et l’Etat lui paraissaient sauvés.

Cependant la Reine considérait qu’il n’y avait pas tant à se réjouir et elle suppliait Gallo d’employer « le vert et le sec » pour obtenir le départ des Français. Suivant elle, après l’échec de sa descente en l’Angleterre, Buonaparte jouait son va-tout. Trois ou quatre succès de ses adversaires, et sa fortune était finie. « Dieu veuille nous aider, disait-elle. En cas de violation de