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d’avril 1904 étaient assez importantes pour l’Empire britannique, inquiet du développement formidable de puissances nouvelles, pour s’imposer à la politique anglaise même en Ethiopie, pourvu que nous y missions l’insistance nécessaire. C’est ce qui finit par se produire. Le gouvernement anglais, en présence d’une diplomatie française qui avait son parti pris et qui se sentait talonnée par un groupe peu nombreux, mais résolu, d’hommes décidés à sauver Djibouti et son chemin de fer, comprit qu’il n’y avait plus à escompter les résultats de la campagne d’internationalisation. Il négocia un accord général éthiopien que la persistance de la grande pensée érythréenne dans certains esprits italiens rendit jusqu’au dernier moment difficile à conclure. Cependant, le 13 décembre 1906, un traité signé par l’Angleterre, l’Italie et la France reconnaissait que le droit de construire un chemin de fer entre Djibouti et Addis Ababa appartenait à une compagnie française, approuvée par le gouvernement de la République et donnant certaines garanties au commerce étranger. L’existence de cet acte diplomatique imposa au gouvernement français l’obligation de procéder enfin au nettoyage financier que nous n’avons pas à exposer ici. Disons seulement que, malgré des intrigues poursuivies avec une obstination incroyable et digne d’une meilleure cause, qui, à l’heure actuelle, ont à peine cessé de combattre notre diplomatie à Addis Ababa, le gouvernement mit, le 3 juin 1907, la Compagnie impériale des Chemins de fer Éthiopiens en liquidation judiciaire. Une société nouvelle fut constituée sous le contrôle du gouvernement français et prit le nom de Compagnie du Chemin de fer Franco-Ethiopien de Djibouti à Addis Ababa. Ménélik reçut alors M. Klobukowski, envoyé extraordinaire, chargé de lui demander de s’associer aux mesures d’assainissement prises par le gouvernement français. Cette ambassade, secondée par les efforts du docteur Vitalien, médecin du Négous, réussit à convaincre ce dernier, qui, en rétrocédant à la nouvelle Compagnie la concession de la ligné, par un contrat du 30 juin 1908, acheva de clore tout au moins la phase diplomatique de cette tortueuse affaire. Cette solution terminait heureusement un dangereux imbroglio dans lequel Ménélik était souvent resté égaré, passif, inconscient des périls qui se préparaient pour l’avenir de son pays. L’Ethiopie y avait échappé bien plus par l’énergie de quelques Français que par la