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De Rome, aussi, ils envoyaient certaines décisions très formelles, d’après lesquelles les instituteurs qui se passeraient de la mission canonique ou donneraient un enseignement hostile à la foi, pourraient être exclus des sacremens. De Rome, enfin, ils démentaient les bruits d’après lesquels Pie IX se pliait à une conciliation. Pie IX y coupait court en personne, par l’originale allocution dans laquelle il parlait du nouvel Attila et montrait l’heureuse influence de cet autre fléau de Dieu sur le réveil de l’énergie catholique. Alors la municipalité de Munich interdisait les processions auxquelles donnait lieu le jubilé du Pontife. La Gazette Nationale accusait le Vatican d’abrutir l’humanité et proclamait que le catholicisme était inférieur au fétichisme des sauvages d’Afrique ; la Gazette de Magdebourg interpellait la Bavière, encore rattachée par des liens diplomatiques avec le chef de l’Eglise. Après les journaux, les juridictions le s plus hautes de la Prusse ripostaient à leur tour : le tribunal suprême lui-même, à Berlin, rendait un arrêt pour redire que les instituteurs donnaient au nom de l’Etat toutes leurs leçons, même celles de religion, et qu’ils n’avaient besoin d’aucune estampille d’Eglise. La colère des journaux, la ténacité des tribunaux, ne troublaient d’aucun nuage l’allégresse audacieuse, altière qu’inspiraient à Pie IX les catholiques d’Allemagne.

Le Vatican, l’épiscopat, le Centre ne feraient aucune concession pour cesser de souffrir. On ne tenait pas compte, à Berlin, des pétitions catholiques au sujet de l’école ; on semblait y balayer, sans un regard, les 100 000 signatures recueillies dans les diocèses westphaliens et rhénans, les 158 000 signatures que Ballestrem rapportait de Silésie, et qui toutes réclamaient que pour l’enseignement du catéchisme l’instituteur tînt du curé sa mission. Alors s’inaugurait, pour les catholiques de Prusse, l’ère des grands meetings ; ils en tinrent à Paderborn, à Cologne, en août et octobre 1877. C’étaient d’immenses mobilisations du peuple croyant. Windthorst les organisait et les soutenait ; un prêtre qui devait être bientôt l’un des historiens du Culturkampf, François-Xavier Schulte, maintenait l’opinion en haleine, lorsque Windthorst s’était éloigné.