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1804, on avait arrêté, avec les Hope, qu’ils verseraient un million par chaque mois des quatorze suivans ; mais, la convention portant 18 millions, cela faisait une différence de 4 millions échus avec les termes de cet accord. Sur ces 4 millions, deux furent payés à la fin de juin. Le paiement des deux autres millions en retard, plus les deux échus depuis lors, étant réclamé à Souza, l’infortuné réplique « qu’il n’a point de fonds, et qu’il ne connaît personne ayant des fonds disponibles de la part de sa Cour, applicables au paiement du subside. Heureusement Araujo a senti qu’il fallait s’exécuter. Il reconnaît que 17 millions sont encore dus (il semble qu’il ne devrait s’agir que de 16), au 1er juillet, et demande une prorogation de cinq mois vu l’état des finances portugaises. Il annonce que Bandeira va verser un troisième million, et que sa Cour s’engage à payer un million par mois à compter depuis l’échange des ratifications, « de façon que la différence consistera à payer dans les cinq mois de prorogation, les 5 millions qui devraient être payés à cette époque. » La combinaison est acceptée.

Lima et Mme Lannes ont débarqué à Lorient pour arriver à Nantes vers le 25 thermidor (13 août). Lannes est à Paris le 21 ou 22 août, et, comme l’Empereur doit aller assister à de grandes fêtes à Aix-la-Chapelle, il se rend sans retard auprès de lui.

Napoléon, depuis son arrivée dans cette ville, le 3 septembre, y a été rejoint par l’Impératrice, par Talleyrand, par plusieurs dignitaires et ministres et par une foule de ministres étrangers. Lima, qui vient présenter ses lettres de créance, est reçu avec beaucoup d’empressement et un grand cérémonial ; les carrosses de la Cour vont le chercher chez lui et l’Empereur lui fait très bon accueil.

En retrouvant Talleyrand, Lannes n’a pu s’empêcher de lui exprimer son ressentiment ; est-ce pour rendre impossible ce retour à Lisbonne qu’il redoute ? Cette fois c’est Talleyrand qui veut l’y renvoyer sans délai à cause de la rupture qui vient d’éclater entre l’Espagne et l’Angleterre. Il le charge de décider le Régent à déclarer la guerre de son côté à la Grande-Bretagne, et de proposer, pour cela, à la Cour de Lisbonne de conclure un nouveau traité d’alliance, ainsi qu’un plan combiné d’opérations militaires.

Mais Lannes résiste, bien que Napoléon lui accorde ce titre