Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/704

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus ou moins bien modifié, qu’emploient aujourd’hui tous ceux qui s’adonnent à la fabrication de cette pierre, laquelle, tout artificielle qu’elle soit, n’a cependant aucune espèce de rapport avec le rubis dit reconstitué, obtenu en fondant ensemble des rubis gros comme des têtes d’épingle et en laissant la masse se refroidir et cristalliser d’elle-même.

En gros, l’appareil de M. Verneuil, tel qu’il l’a décrit en 1904, n’est que le chalumeau classique des chimistes. Ce chalumeau, alimenté par du gaz d’éclairage dans sa partie extérieure, par de l’oxygène pur à l’intérieur, placé verticalement, est traversé de haut en bas par un mélange d’alumine et de sesquioxyde de chrome purifiés, réduit en une poudre impalpable et homogène. Ce mélange, porté à une température de 1 870 degrés environ, température qui ne doit pas être notablement dépassée sous peine d’obtenir un produit opaque, se transforme, dans ces conditions, en gouttelettes incandescentes minuscules, dont les unes se perdent, tandis que les autres tombent sur une petite plate-forme d’alumine fixée à l’extrémité d’un support en nickel. Cette transformation s’opère, d’ailleurs, à l’intérieur d’un four cylindrique en argile, dont la présence est nécessaire pour donner de la fixité à la flamme, faciliter son réglage et régulariser la température ambiante ; une fenêtre de mica permet de suivre l’opération, mais il faut que les yeux soient protégés par des lunettes à verres aussi foncés que le permet la vision très distincte de la matière fondue qui, à la température où la fusion se fait, est d’un blanc éblouissant. À mesure qu’elle refroidit, l’alumine fondue cristallise, mais intérieurement, et le bloc de rubis se développe par couches minces successives superposées, prenant la forme d’une poire, à l’aspect vitreux, posée sur sa queue. La production préalable de cette queue doit être menée et surveillée avec le plus grand soin ; elle est absolument indispensable à la réussite de l’opération, car l’alumine montre, au moment de sa cristallisation ultérieure, une fâcheuse tendance à se fissurer à l’infini, surtout à mesure que grandit sa surface de contact avec un support de nature autre que la sienne. Inutile d’ajouter que le réglage de l’appareil, sa mise en marche nécessitent des soins minutieux et, par suite, l’emploi d’un certain nombre d’organes accessoires sur lesquels nous ne pouvons nous étendre ici, accessoires qui, du reste, varient d’un fabricant à l’autre. Les appareils, parfaitement construits et