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élever sur les résultats des expériences de Moissan, et les attaques dont il a été l’objet à ce propos, si elles ont amusé le public, n’ont convaincu personne. Mais une étude approfondie de ses travaux montre que la production du diamant par le procédé dont il s’est servi a été si irrégulière, si faible, qu’il semble que le carbone, contrairement à ce que pensait l’éminent chimiste, ne s’y est jamais tout à fait trouvé dans les conditions régulières de sa cristallisation transparente. La présence, signalée en 1896, de tout petits diamans dans des aciers doués d’une grande dureté, laquelle ne peut être obtenue que par le refroidissement sous pression du métal en fusion, semble, cependant, confirmer les idées théoriques qui guidèrent Moissan. M. Escard les partage : il croit la pression indispensable, mais il regarde pourtant comme une erreur considérable d’avoir admis a priori que la rapidité du refroidissement était nécessaire pour obtenir la gemme : pour lui, le refroidissement lent s’impose si l’on veut obtenir de gros cristaux. D’autre part, de savans chimistes n’hésitent pas à déclarer que rien n’indique que la pression ait joué, dans la formation des diamans de synthèse de Moissan, le rôle prépondérant qu’il lui attribuait, et, d’ailleurs, on a montré, depuis, qu’on peut obtenir du diamant sans avoir recours à la pression, par la décomposition de l’acétylène et autres hydrocarbures à la température du four électrique. Ainsi, le diamant ne serait pas nécessairement la forme stable du carbone à haute température et sous forte pression, la théorie de Werth serait fausse… Si bien qu’en présence de toutes ces théories contradictoires, les savans les plus éminens pensent aujourd’hui que, pour arriver à la fabrication du diamant de synthèse, de nouvelles et sérieuses recherches sont nécessaires, afin d’élucider toutes les causes qui peuvent engendrer le diamant dans la Nature. Nous disons : toutes les causes, car, de même, qu’il est possible d’obtenir des cristaux de plomb soit par simple fusion, soit encore en plongeant une lame de zinc dans une dissolution d’acétate de plomb, on ne voit pas pourquoi la Nature n’aurait employé qu’un seul et unique procédé pour créer le diamant, alors qu’elle en a employé plusieurs pour le rubis, le saphir et l’émeraude.

Ainsi, la genèse de l’émeraude est regardée comme due, en général, à l’action d’eaux minéralisatrices particulières, circulant au milieu de roches granitiques à peine refroidies ; mais elle