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LA JEUNESSE D’UN LIBÉRAL CATHOLIQUE

CHARLES DE MONTALEMBERT

Pourquoi n’a-t-on pas célébré le 15 avril 1910 le centenaire de Montalembert ? Pourquoi parmi les catholiques la question fut-elle posée ? Pourquoi vîmes-nous dans les journaux des lettres, de style noble, pleines de regrets, de mélancolie, écrites par des hommes qui semblaient marquer d’autant plus de considération à une mémoire qu’ils lui refusaient un hommage ? On aurait dit la correspondance pleine de réticences de personnes bien élevées qui font le silence sur un dissentiment de famille. Les profanes s’en étonnèrent.

Les pourquoi ont l’attrait du mystère, et l’un de ces profanes, qui eût peut-être lu hâtivement ou mis négligemment de côté les solennels discours, si le centenaire eût été célébré, alla demander à une biographie de Montalembert, au bel ouvrage du P. Lecanuet[1], la clé de l’énigme. L’a-t-il découverte ? Il n’en sait rien car il oublia tout, tant il fut « pris » par l’homme lui-même, et tant il en fut épris.


I

S’il est au monde une destinée politique ingrate entre toutes, c’est celle du libéral qui, par son seul nom, s’affranchit des aveugles passions des partis ; et entre tous les libéraux, celui qui est le plus seul, en butte aux hostilités des croyans et des incroyans, c’est le libéral catholique.

  1. Montalembert, par le P. Lecanuet, 3 vol. in-8 ; Paris, de Gigord.