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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




À la veille de la rentrée des Chambres, qui a eu lieu le 7 novembre, M. Caillaux a prononcé à Saint-Calais, dans la Sarthe, un discours qui devait être, dans sa pensée, la préface de la session sur le point de s’ouvrir. La partie de ce discours relative à la politique intérieure ne nous a rien appris de nouveau, et peut-être est-elle moins remarquable par ce qu’elle contient que par ce qu’elle ne contient pas. On a noté, par exemple, l’omission évidemment volontaire de la question du scrutin de liste et de la représentation proportionnelle, où beaucoup de bons esprits voient le remède à la plupart des maux qu’a signalés M. le président du Conseil. Mais tout cela disparaît, au moins provisoirement, devant ce qu’il a dit du traité franco-allemand. Ce traité venait d’être signé lorsqu’il a pris la parole, et on ne pensait guère alors à autre chose. Depuis, on pense en outre au traité secret que nous avons conclu avec l’Espagne en 1904. Pressé de communiquer ce traité à la Commission des Affaires étrangères de la Chambre, M. le président du Conseil a promis de le faire : aussitôt un journal a pris les devans et a publié le document. Comment l’avait-il ? C’est un mystère. Les journaux ont aujourd’hui tout ce qu’ils veulent et le publient quand bon leur semble. Ces mœurs nouvelles affaiblissent singulièrement la confiance que les gouvernemens étrangers ont en nous.

Nous reviendrons dans un moment sur le traité franco-espagnol de 1904 et sur les questions qu’il soulève : le traité franco-allemand s’impose le premier à notre attention. M. le président du Conseil en a parlé en bons termes dans son discours de Saint-Calais et il a exprimé l’espoir que les rapports de la France et de l’Allemagne, désormais dégagés des préoccupations marocaines, en seraient amé-