Il y a au Louvre, dans la galerie du bord de l’eau, tout auprès de la salle des primitifs italiens, deux tableaux placés au second rang, manifestement sacrifiés et qui, pourtant, intriguent le passant comme deux énigmes. Ce sont des allégories : le Combat de l’Amour et de la Chasteté du Pérugin et, en pendant, la Cour d’Isabelle d’Este, de Lorenzo Costa. Presque en face, sur la paroi opposée, sont les deux fameux panneaux de Mantegna : la Sagesse victorieuse des Vices et le Parnasse, encadrant la Vierge de la Victoire, infiniment plus beaux, mais presque aussi bizarres que les deux premiers. Le passant, qui s’attarde à ces quatre énigmes, éprouve confusément qu’il y a un lien entre elles, une pensée commune. Il ne se trompe pas : ce lien, c’est Isabelle d’Este.
Ces quatre tableaux ont été peints sous sa dictée, ainsi que beaucoup d’autres, pour décorer son petit musée du Palais de Mantoue, qu’elle appelait sa Grotta. Elle en a décidé les dimensions, les sujets, la grandeur des figures, l’éclairage exact, la
- ↑ Voyez la Revue du 15 novembre 1911.