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l’Académie M. Francis Charmes, dit quel attrait il avait jadis trouvé au vieux logis de la rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois et dans ce cercle de grands hommes de lettres que les jeunes rédacteurs entendaient avec un intérêt passionné, disserter et discuter. Quant à la Revue des Deux Mondes, où il débuta par des études d’art, il y resta « comme chez lui, » me dit-il un jour. Hier, elle donnait à ses lecteurs les dernières pages qu’a écrites sur Ièna la plume encore si ferme de l’historien.

Articles de littérature, de critique, d’histoire, de beaux-arts pourraient remplir dix volumes. Il n’en édita que trois recueils. L’Art français depuis dix ans retient. On y trouve exposés les principes (assez intransigeans) du critique. Très dur pour le naturalisme et l’impressionnisme, « deux termes du charlatanisme, » il leur opposait le vrai réalisme, celui des antiques. Au fond, il était extrêmement classique, « regrettant les mythologies et les scènes antiques qui comportent le nu. » Ses passes d’armes, — car là comme ailleurs il se passionnait, — ne confirment pas seulement ce que nous savons de son culte pour l’art grec ; elles sont une nouvelle preuve de cette faim de discipline, — si je peux dire, — qui l’avait possédé après 1871. Naturalisme et impressionnisme lui paraissaient des doctrines quasi insurrectionnelles et il eût volontiers affirmé que le naturalisme notamment avait bien pu amener Courbet à coiffer le bonnet rouge et à renverser la Colonne. Cette faim de discipline, elle allait se satisfaire pleinement. Un hasard tout à coup l’amenait au maître des grandes disciplines. Un hasard, oui, si l’on s’en tient aux apparences. Mais y a-t-il des hasards ? La semence vole au gré du vent, mais elle ne germe et ne porte de fruits que sur les terrains prêts à la recevoir.


Le 1er août 1885, la Revue publiait un article intitulé : La Capitulation de Soissons en 1814 et signé de Henry Houssaye.

Cet article fatidique était sorti de circonstances en apparence, je le répète, fortuites.

Quelques mois auparavant, une étude qui portait le titre : Les Commentaires des soldats, et qui présentait les fameux Cahiers de Coignet, avait montré l’historien d’Alcibiade apte à sympathiser avec les troupiers de l’Empereur, — de tout son cœur. Un de ses compatriotes de l’Aisne en avait été frappé.