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Le duc Decazes n’est pas un simulateur, mais un homme faible. Selon toute vraisemblance, il aura parlé de la chose avec M. de Broglie, ministre de la Justice, qui présentement a tout autre chose en tête que le Code civil.

Je profite de cette occasion pour me dire de nouveau, etc.

F. CRISPI.


Paris, 9 septembre.

Mon cher Depretis,

J’ai reçu hier ton télégramme, dont la traduction donne ceci : « J’approuve complètement tout ce que tu as fait et je crois bon que, sans aller à Londres, tu te rendes sur-le-champ à Berlin. »

Mardi, à 3 heures du soir, je partirai pour Berlin, où j’arriverai le lendemain à 7 h. 45 du soir. Si je le juge nécessaire, à mon retour je passerai par Bruxelles et Londres. Je me réglerai sur les nécessités de la situation.

Je serais parti encore plus tôt, si je n’avais pas été un peu indisposé. Depuis huit jours j’ai été dérangé de telle façon que j’ai dû recourir à un médecin. Aujourd’hui je vais mieux, et j’espère pouvoir faire le voyage sans incommodité.

Ici, hier, la journée s’est passée très tranquillement. On craignait que les funérailles de Thiers ne fournissent prétexte à des désordres. Le calme du peuple fut vraiment admirable. Quelques cris de Vive la République ! Honneur à Thiers ! Vive Gambetta ! et tout a procédé dans l’ordre.

Si le Parisien perd l’habitude de courir aux barricades, et prend celle de se conduire en obéissance aux lois, la cause de la liberté triomphera en France, et deviendra un gage de paix pour l’Europe. Aux funérailles ont pris part tous les représentans étrangers, comme aussi ton ami soussigné, par invitation spéciale de la famille Thiers.

Si tu veux m’écrire, adresse tes lettres à Berlin, à l’ambassade italienne.

Mes hommages à ta femme, et crois-moi toujours ton bien affectueux

F. CRISPI.


9 septembre. — Déjeuner chez Emile de Girardin. Gambetta y est venu.