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Andrassy sera à Pesth dès le 17, et je pourrai facilement le voir en allant dans cette ville. Ayant désormais annoncé mon projet de faire ce voyage, et l’ayant écrit à mes amis d’Italie, je ne puis plus changer de propos sans susciter des soupçons et sans donner prétexte à des conjectures malveillantes. Mais je t’assure que mon altitude sera des plus réservées et que je ne compromettrai nullement noire politique.

Aussitôt après mon excursion à Pesth, je rentrerai en Italie.

Il ne me reste qu’à te serrer la main. Ton bien affectueux

F. CRISPI.


18 octobre. — Parti de Vienne à 8 h. 30 du matin, j’arrive à Pesth à 5 h. 30 du soir.


20 octobre. — A 4 h. 30 du soir, je fais visite au président du conseil hongrois, M. Tisza… Tisza a l’apparence d’un presbytérien. Son visage est impassible, avec d’énormes lunettes lui recouvrant les yeux. Il ne discute pas, mais émet des sentences. Sur la question des droits civils, on devine qu’il n’en comprend que peu ou rien. Il voudrait un traité international européen…


21 octobre. — A midi et demie, je me rends chez Andrassy. Question des droits civils. Traité de commerce.

— Je ne me suis nullement alarmé de votre voyage à Gastein. me dit Andrassy, j’ai laissé parler les journaux.

— Vous n’aviez aucune raison de vous alarmer, puisque le prince de Bismarck vous a parlé de ce voyage et vous a dit quelles étaient mes idées. Je n’ai rien dit dont vous pussiez prendre ombrage.

Andrassy me parle de sa politique avec l’Italie. L’ultramontanisme, les vieilles opinions, ne sont pas dans l’intérêt de l’Autriche-Hongrie. S’il avait été Italien, il aurait fait comme nous. Nécessité, à présent, de nous tenir amis et de ne pas troubler l’accord par des exigences pratiquement irréalisables. Il ne croit pas aux journaux, est convaincu de noire bonne foi. Il ajoute :

— Ce n’est pas toujours que le principe de nationalité est applicable partout, et la langue n’est nullement la règle pour établir la nationalité : on ne fait pas la politique avec une