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UNE CORRESPONDANCE
DE
SULLY PRUDHOMME

LETTRES A UNE AMIE[1]
[1865-1880)


Lundi, 25 septembre 1865.

Madame,

C’est aujourd’hui dimanche, je suis seul à la maison, toute ma famille est à la messe, un peu pour le bon Dieu, et un peu, je crois, pour son plaisir. Les messes de Châtenay sont le rendez-vous hebdomadaire des toilettes de la saison, la vanité s’y prélasse et les langues y vont bon train ; les aumônes y sont proportionnelles à l’importance de la quêteuse, aussi la grande

  1. Ces lettres sont extraites d’une Correspondance inédite de Sully Prudhomme, qui sera publiée dans une édition de luxe en deux volumes tirés à 120 exemplaires non mis dans le commerce, par la Société du Livre contemporain. Elles embrassent, de 1865 à 1880, une des périodes les plus actives et les plus glorieuses de la vie du poète. Les sujets les plus variés y sont abordés, poésie, critique littéraire, philosophie, art, sociologie, et elles contiennent les renseignemens les plus précieux sur les œuvres et la méthode de travail de Sully Prudhomme. Elles furent adressées à une femme d’une rare distinction d’esprit, dont l’auteur des Solitudes goûtait tout particulièrement les conseils, Mme Emile Amiel mariée à un professeur de l’Université auquel on doit deux études sur Erasme et sur Juste Lipse. Mm° Amiel était la grand’mère de Mme Louis Barthou. Nous remercions M. Louis Barthou, dépositaire de cette importante correspondance, de nous avoir permis de lui emprunter les extraits que nous publions.