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En somme, j’en suis extrêmement contrarié. Je vais retourner demain à Paris pour voir si j’ai gardé les brouillons de mes corrections, et me mettre à reformer cette édition qui est nécessaire, au dire de Lemerre, depuis quelque temps déjà. Il n’a plus de volumes des Stances ; je n’en ai qu’un chez moi, et je vais être obligé d’en redemander un à quelqu’un de mes amis, parce que je préfère combiner les feuilles de deux volumes, plutôt que de recopier entièrement ce livre dans un ordre différent.

Parmi les meilleures petites misères de la vie humaine, je vous recommande celle-là.

N’attendez de moi aujourd’hui aucun autre récit que celui de mes Stances au vent ; j’ai la faiblesse de ne pouvoir, pour le moment, penser à autre chose, sinon à notre promenade prochaine à l’Exposition où je serai heureux de vous conduire directement aux bons endroits qui sont parfois de petits coins bien modestes. Vous iriez de vous-même aux belles choses, mais il vous faudrait faire plus de chemin dans un pays bien encombré. Quand vous me donnerez votre jour et votre heure, adressez-moi votre lettre à Paris, je vous prie ; elle me trouvera ou me suivra plus sûrement, je prévois que je n’irai guère à Châtenay. A bientôt, je l’espère.

Veuillez agréer, Madame et excellente amie, l’expression de mes sentimens respectueux et dévoués.


Paris. 21 mars 1871.

Madame et excellente amie,

J’ai reçu votre lettre affectueuse du 15, datée de Tullins ; je croyais pouvoir y répondre sans retard et longuement, lorsque les événemens publics et les accidens de ma vie sont venus troubler tous mes desseins. A peine étais-je délivré de mon mal d’yeux (dont je n’ai d’ailleurs souffert qu’une huitaine de jours), que je voulus profiter du calme, apparent, hélas ! de Paris, pour aller chercher ma sœur à Clermont. Je partis le jeudi 16 de ce mois ; à ce moment-là on s’amusait beaucoup des promenades de la populace de Belleville à la colonne de Juillet, et des canons de Montmartre. J’en avais ri aussi ; j’avais vu, de mes yeux, des