Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/941

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en France et l’entente est complète. Les noms de Shakspeare et de Dickens y remplissent le théâtre et la librairie où le public et les éditeurs français ont apporté à ces deux représentans du génie anglo-saxon leur tribut d’admiration. Tandis qu’on mettait à la scène M. Pickwick et David Copperfield, paraissaient des éditions d’un grand luxe, c’étaient, chez Hachette, les Papiers posthumes du Pickwick-Club [1]avec les illustrations, en couleurs très pittoresques et très vivantes, très comiques et d’une originalité si marquée de Cecil Aldin, — Les Joyeuses Commères de Windsor[2], avec des dessins amusans et variés d’une incroyable verve et d’une composition très habile de Hugh Thomson.

Les aventures de M. Pickwick, le récit si comique de ses voyages autour de Londres, dans le dessein de connaître l’humanité et de la faire connaître au Club qu’il a fondé et qui porte son nom, resteront comme le modèle de l’humour et du flegme anglais, et, de ce côté-ci de la Manche, tout autant que de l’autre, le lecteur s’amusera toujours aux fantaisies nées de cette verve infiniment pittoresque et bouffonne, qui l’entraîne dans les milieux les plus étranges à travers les visions les plus fantastiques, aux inventions nées de cette imagination si vive et si lucide qu’elle anime sans effort les objets inanimés, et, sous une apparence de bonhomie, découvre la mesquinerie des ambitions des hommes et la vanité des grandeurs de ce monde. Dans son héroïsme grotesque, le chef de Pickwick-Club est sympathique pour son énergie physique, sa bonne humeur, son optimisme et sa séduction qui, durant la plus aventurière expédition en compagnie de ses plus fidèles disciples, Winkle le sportsman. Snodgrass le poète, Tupman dont le principal étal, en dépit de son âge, est l’état d’amoureux, de Sam Weller, ce Scapin bavard et familier, audacieux et fidèle, lui permettent de triompher à son honneur, sinon sans dommages, de toutes les difficultés et des embûches, même de celle que lui tend sa gouvernante, Mme Bardelle, qui voudrait le forcer à l’épouser. Les tableaux les plus variés animent les étapes de ce long et difficile voyage. Il n’est pas un trait de la vie anglaise qu’ils ne nous montrent au cours du chemin : voici l’aimable et violent M. Waidle, au teint de brique, sa sœur toujours jeune de cœur, romanesque et sensible, sa vieille et brave femme de mère. C’est dans l’hospitalière maison de M. Wardle que M. Pickwick et ses amis vont passer les fêtes de Christmas, assister à la célébration du

  1. Hachette.
  2. Hachette.