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« La Chambre remarquera combien le ton de cette communication était amical, non seulement pour nous, mais pour la France. Je marquai aussitôt que je l’appréciais. » Après quoi, il y eut bien encore quelques récriminations de la part du comte Wolff-Metternich, et quelques reparties du secrétaire d’État, mais officieuses et pour ainsi dire amicales. L’ambassadeur, qu’inquiétait « l’excitation » de l’opinion française, déplora, par surcroît, l’« égarement » de l’opinion anglaise. — Mais qu’est allée faire la Panther à Agadir, port fermé, et la meilleure base navale du Maroc sur l’Atlantique ? Le geste a été violent ! « L’opinion publique anglaise a fort naturellement mobilisé. » Et puis, pourquoi l’Allemagne, du 4 au 24, pendant vingt mortelles journées, est-elle subitement devenue muette ? Pourquoi, lorsqu’elle a recouvré l’usage de la parole, a-t-elle obstinément exigé que l’Angleterre eût l’air d’être devenue sourde ? Au surplus, tout est bien qui finit bien. Finissons-en. Et finissez le plus tôt possible avec la France. De même que M. Lloyd George avait eu justement à parler le 21, il se trouva que M. Asquith eut à parler dans l’après-midi du 27, et que, comme il avait fourni sa matière et réglé son diapason au chancelier de l’Échiquier, l’ambassadeur d’Allemagne le fournit encore, ou le régla au premier ministre. C’est là-dessus que sir Edward Grey arrêta devant les Communes la première partie de son discours ; mais, parce qu’il faut à tout récit, conte ou histoire, une moralité, il leur proposa celle-ci : « Le secrétaire d’État allemand a dit au Reichstag que jamais l’idée de s’établir au Maroc n’avait existé en Allemagne : — Je l’ai dit, a-t-il ajouté, à un pangermaniste connu ; malheureusement, il ne m’a pas cru ! — Après notre déclaration du 4 juillet, si ces vues du gouvernement allemand nous avaient été communiquées sous une forme aussi nette, bien des malentendus auraient été évités. »

Sir Edward Grey en est ensuite venu à des considérations de politique générale, qui Font conduit à déterminer la position de l’Angleterre, et ç’a été la deuxième partie de son exposé. On ne l’attendait pas avec moins de curiosité que la précédente : elle n’a ni déçu ni dépassé ce qu’on en pouvait attendre. L’attitude de l’Angleterre entre la France et l’Allemagne est commandée, conditionnée par cette simple raison, mais par ce double fait, qu’il y a la France et qu’il y a l’Allemagne. Il y a même, plus loin, la Russie. Envers la France : « Le gouvernement précédent a changé les difficiles relations que nous avions avec la France en relations d’amitié cordiale. Nous avons conservé intacte l’amitié qui a été ainsi conclue. Lord Lansdowne