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West India, envoyés d’Angleterre. C’est sur ces cinq ou six cents hommes que les trente tirailleurs de Maritz se précipitaient à la baïonnette.

30 hommes contre 600 ! car les auxiliaires, dès le début de l’action, avaient disparu. Et ces 30 hommes avaient forcé toute la colonne anglaise à prendre les armes, à se déployer ; ces 30 hommes avaient tué 4 officiers, et combien de soldats ? les rapports ne l’ont pas dit. Ces 30 hommes avaient attaqué avec une telle force qu’un officier anglais écrivait :

« En moins de deux minutes, les coups de feu devinrent si rapides que je ne pouvais pas entendre ma propre voix, alors que je criais de toutes mes forces. Je pris mon revolver, et je courus au feu, étonné de la rapidité avec laquelle l’ennemi nous fusillait. En passant, je vis le pauvre Leston étendu mort, le capitaine Lendy était également tué… »

Si les abatis n’avaient pas arrêté l’élan de ces trente hommes, les empêchant de se jeter sur le camp à la baïonnette, les réduisant à tirer, combien de morts cette terrible erreur eût-elle coûtées à la colonne Ellis ? Quel eût été le résultat de cette surprise ?

Chacun des deux adversaires s’était cru sur un territoire appartenant à sa nation, car la question de délimitation commune au Soudan et à Sierra Leone avait été maintes fois agitée, mais aucun accord n’était intervenu.

Transporté au camp attaqué par lui, Maritz y reçut en vain tous les soins que lui prodiguèrent les médecins anglais. Il vécut encore quelques heures : assez pour exprimer sa douleur de la triste méprise qu’un faux renseignement lui avait fait commettre.

A côté des corps des officiers anglais fut déposé celui de Maritz et, sur leurs tombes, des salves furent tirées. Près d’eux dorment ensemble tirailleurs soudanais et tirailleurs de West India, inhumés avec tous les honneurs militaires.


LE COMBAT D’ACHORAT

L’Azalay, la grande caravane transsaharienne, le train du désert, va passer.

Tous les ans, à l’époque où la chaleur est moins intense, les Azalays partent de Tombouctou pour se rendre à Taoudenni, le