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de ce parti. Mais M. Roosevelt ne tenait pas en place : il sait d’ailleurs quel est le magnétisme qui se dégage de sa parole et il ne voulait pas se priver de ce puissant moyen d’action. Tous les échos ont donc retenti de ses clameurs contre le vol qui ne prévaudrait pas, disait-il, qui ne pouvait pas prévaloir. Mais on n’a pas tardé à se compter à la Convention ; on l’a fait sur le choix du président. Le candidat de M. Roosevelt a été battu ; les invalidations de ses partisans ont été confirmées ; il n’y a eu bientôt plus rien à espérer pour lui. Alors il a interdit à ses amis de prendre part au vote qui désignerait le candidat du parti. Il n’a pas été strictement obéi, car il n’y a eu que 344 abstentions, et 107 voix se sont portées, malgré lui, sur son nom ; mais M. Taft n’en a eu que 561. On ne peut pas dire qu’une élection aussi disputée et faite à une aussi faible majorité soit très brillante pour ce dernier ; néanmoins elle est suffisante, et si M. Roosevelt s’était soumis aux règles et aux traditions qui ont présidé à toutes les élections d’autrefois, il se serait avoué vaincu. Son attitude antérieure permettait de prévoir qu’il n’en ferait rien et il n’en a effectivement rien fait. Ses partisans se sont réunis et ils ont décida que leur assemblée était la seule, la vraie, celle qui représentait la bonne foi politique contre la fraude et le vol. La Convention républicaine s’était rendue coupable de forfaiture. En permettant à des délégués frauduleusement élus de siéger, elle avait attribué la candidature présidentielle à un homme qui n’était qu’un « receleur d’objets volés. » Il n’était que temps de venger la morale et le droit, et le moyen pour cela était d’offrir une candidature progressiste à M. Roosevelt. Celui-ci l’a acceptée en principe. « Je crois, a-t-il dit, que le temps de se fondre en un mouvement unique est venu pour tous ceux qui croient aux principes élémentaires de la moralité publique et privée, que tout gouvernement doit respecter. La Convention qui vient de terminer ses travaux à Chicago n’est pas à proprement parler une Convention républicaine ; elle ne représente pas la masse des groupes républicains ; elle a été organisée en contradiction cynique avec les vœux du parti républicain ; elle n’a servi que les desseins d’un groupe d’intrigans qui n’a pas une ombre de sympathie pour le peuple et qui ne trouve dans le parti républicain qu’un moyen de faire de l’argent, soit pour eux, soit pour les grands intérêts financiers qu’ils servent. Les principes fondamentaux que je défends sont : 1° que le peuple a le droit de se gouverner lui-même et qu’il se gouverne mieux que ne peut le faire n’importe qui ; 2° que son devoir est de se gouverner dans un esprit de justice envers tous les hommes et toutes les femmes qu'en-