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ont d’autres moyens d’action, d’intelligence et d’entente et il est à croire qu’ils en ont usé dans ces derniers temps. L’entrevue de Port-Baltique ne nous réserve aucune surprise. En tout cas, notre gouvernement sera bientôt fixé sur ce point, car le gouvernement russe ne manquera pas de le mettre au courant de ce qui s’est fait, s’il s’est fait quelque chose, et le gouvernement allemand fera de même pour ses alliés. Quoi qu’il en soit, la Triple Alliance et la Triple Entente resteront ce qu’elles sont. Si les bonnes relations entre Saint-Pétersbourg et Berlin deviennent plus faciles et plus cordiales, pourquoi le regretterions-nous ? Est-ce que nous ne nous appliquons pas nous aussi à ce que les nôtres deviennent toujours meilleures avec l’Italie, avec l’Autriche, avec l’Allemagne même, avec laquelle nous désirons vivre en bons voisins ? En le faisant, nous savons bien que nous restons fidèles à nos amitiés et à nos alliances : la Russie et l’Allemagne en font autant.

Puisque nous avons parlé de l’Italie, disons en passant combien nous sommes heureux de voir que le léger malentendu qui s’était produit entre elle et nous, il y a quelques mois, se dissipe de plus en plus. Les choses n’ont d’importance que par les intentions qu’on y met et nos intentions à l’égard de l’Italie ont toujours été amicales, comme l’ont toujours été, nous n’en doutons nullement, les siennes à notre égard. La France, scrupuleusement respectueuse des engagemens qu’elle avait pris avec elle, s’est appliquée à ne créer à l’Italie aucune difficulté dans son entreprise tripolitaine. Sans doute nous n’avons montré aucune préférence pour l’un ou pour l’autre belligérant ; notre neutralité ne nous le permettait pas ; mais, tout en réservant à l’avenir le règlement des intérêts qui ont été mis en cause ou qui pourraient l’être, nous nous sommes appliqués à ne gêner en rien l’Italie, pas plus que la Porte, dans la manière dont elles usaient des droits que donne l’état de guerre. Nous avons, d’autre part, saisi toutes les occasions de témoigner à nos voisins nos sentimens de traditionnel attachement. C’est ainsi que, ces jours derniers, le gouvernement de la République a tenu à être tout entier à la Sorbonne le jour où a été dignement célébré un des plus grands hommes de l’Italie et de l’humanité, l’artiste, le savant, l’inventeur, le précurseur plein de génie qu’a été Léonard de Vinci. M. Poincaré, comme président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, a prononcé des paroles qui traduisaient le sentiment de la France et qui, nous l’espérons bien, ont été entendues au-delà des Alpes, tandis que l’ambassadeur d’Italie auprès de nous, M. Tittoni, traduisait, avec non moins de