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l’avenir pussent être installés, en dehors de toute investiture épiscopale, des prêtres que le mépris public qualifiait de curés d’État (Staatspfarrer). Pius de curés d’État ; plus d’examen d’État : telle était la double décision par laquelle le Centre et les conservateurs corrigeaient le projet gouvernemental ; et puis ils consentaient par surcroit à voter, sous une forme qui le rendait moins choquant pour les susceptibilités catholiques, l’article qui permettait au ministère, s’il le jugeait bon, de rendre aux évêques déposés le droit d’exercer les fonctions épiscopales. Ainsi collaborèrent, durant une partie du printemps, les bons catholiques du Centre et les bons protestans du parti conservateur.

En 1880, le compromis dont était résultée la première loi réparatrice ; avait été négocié, sous les auspices du ministère, entre les conservateurs et les nationaux-libéraux. Aujourd’hui le compromis dont la seconde loi devait être le fruit s’était concerté à l’écart du ministère, entre les conservateurs et le Centre. « Le Culturkampf n’est pas encore fini, mais il est brisé, » écrivait Auguste Reichensperger. Une caricature montrait le pasteur Stoecker, habillé en Faust, déclarant à Windthorst que le mot de Canossa n’avait rien d’effrayant, et Windthorst, dans l’accoutrement du Famulus Wagener, lui disant galamment : « Se promener avec vous, docteur, c’est honneur et profit. » La promenade se poursuivit, avec de nombreux zigzags mais sans encombre, dans la Chambre basse, puis dans celle des Seigneurs ; puis, de nouveau, dans la Chambre basse ; sauf de légères modifications, le texte qu’avaient élaboré les deux partis alliés devint loi. Le 31 mai 1882, Guillaume la signa. C’étaient trois entorses nouvelles données aux lois de Mai : elles différaient, d’ailleurs, de caractère et de portée. L’État ne pouvait plus failli seul, installer des curés : c’était là, définitivement, un fait acquis. Les évêques déposés pouvaient être rappelés : c’était une simple possibilité, dont l’État devenait, tout à la fois, le juge et le maître. La nécessité pour les clercs de subir l’examen d’État était supprimée ; mais encore fallait-il que l’Eglise permit à ses clercs de donner à l’État les justifications moyennant lesquelles ils obtiendraient des dispenses ; et ce serait affaire à l’Eglise, de décider si oui ou non elle y devrait condescendre. D’ailleurs, alors même que l’Eglise condescendrait, elle ne pourrait pas, ensuite, leur donner un poste, puisqu’elle se heurtait à l’obligation, non acceptée par Home, de soumettre leurs noms au pouvoir civil :