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constituent non seulement le noyau, mais la meilleure part de notre galerie actuelle de quattrocentistes.


La splendeur prodigieuse des collections du Louvre devait être aussi éphémère que la fortune de Napoléon. Les traités de 1814, qui réduisaient la France à peu près à son territoire de 1789, lui conservaient à la vérité ses conquêtes artistiques, et plus d’un officier des armées coalisées, plus d’un diplomate étranger, en parcourant les galeries où étaient entassées tant de merveilles, dut maudire à part lui la générosité des souverains alliés. De son côté, le gouvernement de la Restauration ne pouvait déguiser que ces trophées des guerres de la Révolution et de l’Empire lui étaient parfois indifférens, sinon importuns : la Vénus de Médicis et l’Apollon du Belvédère ne lui tenaient guère plus au cœur que les départemens de Jemmapes, Montenotte ou Marengo. Quand le coup de folie du retour de l’île d’Elbe eut déchaîné une seconde invasion plus haineuse et plus rapace, les revendications s’élevèrent impérieuses, bientôt brutales. Après un semblant de discussion, les ministres de Louis XVIII s’inclinèrent : ils admirent même les reprises de la cour de Rome, quoique les cessions de Tolentino, consenties par traité, fussent venues en déduction d’une indemnité pécuniaire. Pour avoir protesté trop vivement, Denon fut mis à la retraite et le secrétaire Lavallée frappé de révocation. Il convenait de rappeler tout au moins ce sombre épilogue d’une magique et étincelante féerie.


DE LANZAC DE LABORIE.