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protéger, il décida de la faire partir. La baronne d’Armfeldt quitta Naples le 7 février pour se rendre dans sa famille qui habitait les provinces baltiques. Pour la protéger pendant son voyage, son mari lui avait donné comme compagnon un homme qui lui était passionnément dévoué, le major de Peyron, de la garde royale de Suède. Quant à lui, il comptait se réfugier à Saint-Pétersbourg ; il avait écrit à l’impératrice Catherine pour lui demander un asile dans ses Etats, en lui rappelant les promesses qu’il avait reçues, d’elle. Mais il ne se pressa pas de partir ; il resta à Naples, attendant les événemens.

Dans la matinée du 10 février, il vit entrer chez lui une femme affolée. C’était lady Monek Elle accourait lui annoncer, de la part de la Reine, que Palmquist venait d’arriver, avait débarqué, s’était rendu au palais royal et qu’il n’était que temps de s’enfuir. L’historien Elof Tégner, qui raconte cette scène, nous apprend que la fuite d’Armfeldt fut si vite préparée qu’à cinq heures, il sortait de Naples dans la voiture de lady Monck et que, le même soir, il était à l’abri dans un couvent franciscain de la banlieue napolitaine. Ce ne devait être pour lui qu’un asile provisoire où il resterait jusqu’à ce que la Cour eût pris d’autres mesures pour le protéger contre les guets-apens tendus par Piranesi. D’accord avec ses amies, le Roi, la Reine et Acton s’en occupaient activement. A leur demande, Piranesi était arrêté à Rome et tenu provisoirement sous les verrous.

Le 26 février, Armfeldt quittait le couvent, dans la soirée, rentrait à Naples à la faveur de la nuit et allait prendre domicile dans la maison du marquis del Vaslo, grand maréchal de la Cour. Il y restait quelques jours, gardé par la police et partait bientôt pour le château de Montesarchio appartenant au marquis qui s’était chargé de pourvoir à sa sûreté.

La sollicitude de la Reine ne devait pas s’en tenir là. Lorsque, peu après, Armfeldt se mit en route pour la Russie, elle lui fit compter une somme de 10 000 ducats pour couvrir ses frais de voyage, en même temps qu’elle donnait désordres afin que, partout sur sa route à travers les Etats napolitains, il trouvât la protection des fonctionnaires du royaume.

On se souvient que le baron Palmquist était porteur d’une lettre adressée par le régent de Suède au roi des Deux-Siciles. Il en avait une autre pour le général Acton. C’est à l’audience de celui-ci qu’en abordant à Naples, il se présenta après avoir