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pas avoir outrepassé ses droits. Du reste, cette discussion fut alors ignorée et n’exerça aucune influence sur le procès.

Le jeune Roi assista silencieux à ces préliminaires. Il parut approuver tout ce qui se faisait en son nom. Mais l’impassibilité qu’il conserva jusqu’au bout et la conduite qu’il tint à l’égard des condamnés, lors de son avènement, permet de croire qu’il doutait du bien fondé de l’accusation et que, s’il eût été libre, il eût fait pour tous ces malheureux ce qu’il lit pour son gouverneur et son précepteur, qui, grâce à lui, échappèrent à la justice. Le colonel Aminoff ne figurait pas encore parmi les accusés ; il ne fut arrêté que le 30 avril au cours de l’instruction.

Au début des interrogatoires qu’ils eurent à subir, ils avaient répondu par des dénégations ; mais, lorsqu’on leur eut présenté les lettres qu’ils avaient échangées avec Armfeldt, ils entrèrent dans la voix des aveux. Ils reconnurent que, bien qu’ils n’eussent pas adhéré au plan de révolution, ils en avaient examiné et discuté les bases. Il est d’ailleurs remarquable que chacun d’eux essaya de mettre ses co-accusés hors de cause.

Les débats s’ouvrirent au mois de juin et, le 19, le procureur général prononça son réquisitoire contre les complices d’Armfeldt en se réservant de requérir plus tard contre lui. Il termina en demandant la condamnation à mort d’Ehrenstrom, d’Aminoff et de Mlle de Rudenschold avec, pour le premier, cette aggravation de peine qu’il aurait la main droite coupée et serait roué vif. Ces conclusions lui avaient été imposées par Reuterholm ; bien qu’il les trouvât excessives, il s’était vu dans la nécessité d’obéir. Il ne requit contre Armfeldt que le 7 juillet. Il demanda sa condamnation capitale et la confiscation de ses biens, étant entendu que, puisqu’il s’était soustrait à l’action des lois, il serait banni à perpétuité du royaume et que son nom serait mis au pilori.

La cour n’admit pas toutes les conclusions du procureur général. Elle prononça la peine de mort contre Armfeldt, Ehrenstrom, Aminoff et Madeleine de Rudenschold. Mais elle ne voulut pas qu’Ehrenstrom eut le poing coupé, ni qu’Armfeldt subit la peine infamante du pilori. Elle ne la prononça pas non plus contre M, le de Rudenschold, bien que le procureur général l’eût réclamée. Ce semblant d’indulgence eut pour effet d’exaspérer Reuterholm, son entourage fit écho à sa colère. On eut alors le honteux spectacle d’un gouvernement qui, non content