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basses (80 centimètres), pour lui permettre de tourner dans les rues étroites. Le siège du cocher, qui obstruait toute vue de l’intérieur, avait été abaissé. La calèche, plus légère, fut un premier progrès, la berline en fut un autre ; elle porta un coup décisif aux anciens carrosses, compliqués et encombrans, désormais réservés aux cérémonies et à la Cour.

Les berlines étaient aussi plus sûres grâce aux (lèches latérales qui les maintenaient ; tandis que, lorsqu’une lanière venait à se rompre, le carrosse versait forcément sur le côté.

Sans parler de la chaise de poste qui appartient à l’histoire des voyages et qui, perfectionnée sous Louis XV, atteignit pour les riches un haut degré de confortable, les selliers, — qualité exclusivement portée par les fabricans de voitures, celle de « carrossiers » est toute moderne, — créèrent la berline coupée appelée diligence ou demi-fortune, qui s’attelait à un cheval, le vis-à-vis, à deux places l’une en face de l’autre, la désobligeante, le soufflet, le phaéton, la brouette, le diable ; ils leur appliquèrent les ressorts en C forgés par Cocu, les ressorts à la Dalème, du nom d’un serrurier en vogue, les cris et les ressorts à la Polignac. D’Allemagne fut importé le wurst, sorte de longue banquette à compartimens, que les voyageurs enjambaient et sur laquelle ils s’asseyaient en brochette les uns derrière les autres, face au cheval. On s’en servait pour aller aux rendez-vous de chasse.

Les journaux offraient des voitures anglaises, « faites l’année dernière par le meilleur ouvrier de Londres, » stope, trois-quarts, solo, wisky, avatars menus et légers du cabriolet ; la jeunesse élégante n’en voulait pas d’autres. Ce qu’en langage courant on appelait « cabriolet » sous Louis XVI ne ressemblait pas à ce que l’on nomma ainsi au XIXe siècle : il se faisait alors à 2, 3 ou 4 places, tantôt à quatre roues, tantôt à deux, souvent fermé, muni de trois glaces en vagistas ou bien avec un « tambour à la Toulouse ; » il s’attelait indifféremment à un ou à deux chevaux ; mais, quel qu’il fût, « sa marche est si rapide, dit le Journal de Paris en 1785, qu’il arrive sur les pauvres passans comme la foudre. »

On propose d’attacher une sonnette retentissante au cheval « qui conduit, ou mieux qui emporte, ces voitures, » auxquelles les propriétaires seraient tenus de clouer une plaque portant leur nom et adresse en gros caractères. Contre ces propriétaires, l’opinion est très montée : « On a purgé la ville d’assassins, écrivait Mercier : l’assassinat commis par un homme monté sur un