Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 12.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

atténué (comme pour le charbon ou la rage) ; on lui inocule le sang d’un autre animal préalablement inoculé et immunisé. Dans c. cl ordre d’idées, Maurice Raynaud a été un précurseur, quand, en 1877, il inocula, à une génisse neuve, du sang d’un animal porteur de pustules de vaccin jennérien arrivées au sixième jour ; huit jours après, le vaccin échoua chez cette génisse.

En 1888, MM. Richet et Héricourt et, en 1890, Bouchard et Charrin firent des expériences analogues avec le staphylocoque pyosepticus et avec le bacille pyocyanique (du pus bleu).

Mais, le principe de la sérothérapie préventive a été réellement établi par les études expérimentales de Behring et Kitasato (1890) sur le tétanos et la diphtérie et enfin par les travaux de Houx, qui, au Congrès de Budapest, en 1894, montra définitivement l’action thérapeutique merveilleuse du sérum antidiphtérique.

La diphtérie, que l’on appelle croup quand elle est localisée sur le larynx, est une maladie infectieuse, contagieuse, qui était, à juste titre, la terreur de toutes les mères de famille avant la découverte du sérum guérisseur. Cette maladie se manifeste sur la gorge (amygdales, voile du palais) par des fausses membranes, dans lesquelles on découvre un bacille spécial, vu par Klebs (1883), cultivé (1884) par Löffler, dont il a gardé le nom, quoique ce soient Roux et Yersin qui aient établi, en 1888, son rôle spécifique dans la production de la diphtérie.

La diphtérie est une maladie extrêmement grave : avant la découverte du sérum antidiphtérique, la moitié des malades atteints mourait ; au pavillon de la diphtérie à l’hôpital des Enfans Malades, la mortalité, de 1890 à 1893, oscillait de 47, 64 à 55, 88 p. 100. De 1890 à 1894, il y a eu, à Paris, chaque année, une moyenne de 1 432 décès causés par la diphtérie ; et, dans la France entière, pour une population de 12 700 000 individus, qui représentent l’ensemble des villes de plus de 5 000 habitans, il y avait annuellement, avant 1894, entre 6 000 et 7 000 décès par la diphtérie (Louis Martin). On voit par ces chiffres l’importance de la découverte du sérum antidiphtérique, qui peut être employé pour guérir et pour prévenir cette terrible maladie. Voici le principe de sa préparation.

Avec les bacilles de Löffler, on prépare la toxine diphtérique (poison du bacille) et on inocule cette toxine au cheval à des doses, d’abord très faibles (incapables de tuer le cheval le plus