Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 12.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien construite, armée et exercée que la nôtre, et qui, numériquement, lui est déjà très supérieure. D’autre part, les flottes italienne et autrichienne ont depuis peu pris un tel développement que, réunies, leur puissance sera prochainement au moins égale à celle de la flotte française.

Dans le cas où, au début de la guerre, la fortune des armes aurait été indécise, les opérations des flottes ennemies affecteraient l’esprit public dans nos départemens côtiers, y paralyseraient le commerce, menaceraient leurs populations de la famine, et nous contraindraient d’y laisser des garnisons qui, transportées sur le théâtre de la guerre, auraient pu déterminer la victoire en notre faveur.

Supposons aussi, — il le faut bien, — que cette fortune nous ait été contraire. L’agression serait plus audacieuse. Elle ne se bornerait pas à des blocus et à des bombardemens. On la verrait se poursuivre par l’occupation de, points stratégiques et la levée de contributions de guerre sur les villes ouvertes du littoral. Enfin, utilisant les nombreux paquebots rapides et de fort tonnage dont il dispose, l’ennemi, profitant du départ des réserves envoyées aux secours de nos armées de l’Est, débarquerait, à l’abri du feu de ses cuirassés, sur quelque plage bien choisie, des forces imposantes. Quelle résistance sérieuse rencontreraient ces opérations ? Quelle armée viendrait alors offrir le combat à soixante mille hommes ayant leurs communications assurées par des escadres maîtresses de la mer ?

Ce ne sont pas là des dangers chimériques. Rien ne les peut conjurer, hors l’existence d’une flotte française assez puissante pour que l’ennemi soit obligé tout au moins de compter avec elle. Tant qu’il ne l’aura pas détruite, les diversions du genre que nous venons d’indiquer seraient d’une exécution difficile, et toute tentative de débarquement impraticable.


II

Pour protéger ses côtes, dit-on, la France a ses flottilles. En outre, la marine anglaise, dont le concours nous est assuré, est plus que suffisante à tenir en respect les forces navales germaniques. Examinons.

Les flottilles, c’est-à-dire les destroyers (torpilleurs de haute mer) et les submersibles (sous-marins à rayon d’action étendu)