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rôle offensif. On l’entrevoit à peine à l’heure présente. L’action offensive qui s’offre la première à l’esprit est la chute d’explosifs sur les bâtimens d’une escadre en marche. A l’altitude où l’aviateur devra se tenir pour ne pas servir de cible à la mousqueterie, ce tir vertical de haut en bas serait bien incertain. Il a été question aussi de faire participer l’hydroplane à la direction du feu de l’artillerie pendant un combat naval ou dans le cours d’un bombardement. Ce sont des suggestions intéressantes, au sujet desquelles on pourra tenter ou encourager des expériences ; mais le moment ne parait pas venu de les réaliser en les comprenant dans les exercices de préparation à la guerre.

L’effort actuel doit se concentrer sur le service de reconnaissance. Sous cette forme, l’aviation aura encore un autre emploi, très utile, et que seule elle est à même de tenir, parce que l’aéroplane (ou le dirigeable) a le privilège exclusif de voir les objets plongés à de moyennes profondeurs. Le submersible qui a rentré son périscope, la torpille de blocus posée à la sortie d’un port par un contre-torpilleur ennemi, la mine qui dérive entre deux eaux, invisibles pour tous, sont aperçus par l’aviateur planant à hauteur modérée. Il est donc aussi un éclaireur sous-marin.

Dès l’ouverture des hostilités, on s’empresserait d’organiser un service d’inspection par aéroplanes des « chenaux de sécurité » réservés à l’entrée de nos ports dans les intervalles des lignes de torpilles disposées pour leur défense. Sans cette précaution, qu’il sera préférable de prendre en temps de paix, nos cuirassés risqueraient, avant d’avoir tiré un coup de canon, d’être coulés comme le fut le Pétropolawsk devant Port-Arthur, en avril 1904, par une mine japonaise.

Toujours comme éclaireur, l’hydroplane pourra guider les manœuvres de nos floltilles, après leur avoir signalé l’approche de l’ennemi. Par la télégraphie sans fil, ou au moyen de signaux simples, il leur fera connaître les changemens d’ordre ou de route de la force navale en vue. Les torpilleurs et les sous-marins modifieront en conséquence leurs dispositions d’attaque.


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Même limitée à ce rôle de vigie mobile, aux abords des côtes et en pleine mer, l’aviation navale sera peut-être plus utile