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cette époque de l’année. Le cours des changes étrangers à New-York montait, ce qui indiquait le besoin de remises à faire en Europe : les traites sur Paris, Londres, Berlin étant rares, il fallut commencer à y envoyer de l’or. La plupart des émissions d’obligations tentées par des maisons américaines échouaient : les banquiers qui avaient garanti les souscriptions étaient obligés de conserver la majeure partie des titres offerts par eux au public. Au milieu du mois d’août, la tension devint de plus en plus forte : l’escompte de papier commercial atteignait 6 1/2 pour 100. On commença à tourner les yeux du côté de la Trésorerie de Washington et à exprimer l’espoir qu’elle viendrait en aide au marché en mettant des capitaux à sa disposition[1].

Les chiffres du commerce extérieur des Etats-Unis en juillet indiquaient un accroissement notable des importations, dont la valeur égalait presque celle des exportations : or la règle en Amérique est que le solde est en faveur des premières. Il est nécessaire qu’il en soit ainsi : le pays doit payer en Europe des sommes considérables pour les intérêts des capitaux qu’il y a empruntés et pour les dépenses de toute sorte que ses nationaux y font au cours des voyages qu’ils entreprennent régulièrement tous les ans. A la fin du mois d’août, les taux de l’escompte et des avances sur titres se maintenaient au niveau le plus élevé, bien que le secrétaire du Trésor fédéral eût annoncé qu’il allait augmenter les dépôts de fonds publics dans les banques. Un phénomène inquiétait vivement les bourses américaines : c’était la baisse du cuivre, dont le prix s’était élevé peu de temps auparavant à 20 cents la livre et qui était tombé à 18 cents au commencement de septembre ; d’autre part, les recettes brutes de la plupart des chemins de fer étaient en augmentation, mais les dépenses s’accroissaient d’une quantité presque égale, de sorte qu’il n’y avait pour ainsi dire aucun progrès dans le bénéfice net.

  1. La Trésorerie fédérale est en général abondamment pourvue de fonds : elle détient une encaisse métallique qui atteint parfois plusieurs milliards de francs : la majeure partie de ces espèces sert de couverture aux billets émis par le gouvernement, qui sont remboursables à vue en or. Ce qui dépasse la somme nécessaire à cette garantie constitue les fonds libres, qui eux-mêmes s’élèvent fréquemment à un ou deux milliards de francs. La loi permet au secrétaire du Trésor de confier ces fonds à des banques particulières, désignées à cet effet, et confère ainsi à ce fonctionnaire une puissance énorme au point de vue de la distribution des capitaux sur le territoire de la Confédération et des conséquences qui peuvent en résulter pour le marché monétaire.