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qu’il prononçait à Nashville, « qu’il ne pensait pas que la politique suivie par lui fût pour quelque chose dans la crise ; mais que, en fût-il ainsi, cela ne changerait en rien sa résolution de persévérer dans la même voie, au cours des seize derniers mois de sa présidence. » Le mercredi 23 octobre, un run, c’est-à-dire un afflux de déposans venant retirer leurs fonds, se produisit aux guichets de la Trust Company of America ; mais, grâce aux efforts de Morgan et d’autres banquiers, elle fut mise en mesure de répondre à toutes les demandes. Le même jour, de graves difficultés se produisaient à Pittsburgh, le grand centre métallurgique, où les diverses sociétés Westinghouse, la Westing-houseelectric Manufacturing Company, la Westinghouse Machine Company, la Nernst Lamp Company, la Securities Investment Company, l’Iron city Trust Company, étaient mises en liquidation et placées entre les mains d’un séquestre (receiver). A la demande de la Chambre de compensation, la Bourse de Pittsburgh demeura close pendant trois jours. Le jeudi 24 octobre, la Hamilton bank, la Twelfth Ward bank, l’ Empire City Savings bank, furent obligées de suspendre leurs paiemens ; cette dernière dut se prévaloir de la clause qui l’autorisait à ne rembourser ses déposans qu’après soixante jours de préavis. Chez un très grand nombre d’établissemens, des retraits de fonds incessans, provoqués par la panique, se produisaient, et contribuaient à leur tour à aggraver cette panique. Le vendredi 22 octobre, de nouvelles suspensions furent annoncées : l’Union trust Company à Providence, la United States Exchange bank, l’International trust Company à New-York, ainsi que sa succursale de Brooklyn, fermèrent leurs portes ; leur exemple fut suivi par la Borough bank, la First national bank of Brooklyn, la Jenkins trust Company, la Williamsburgh trust Company. Des nouvelles semblables arrivaient de tous les côtés du territoire. La liste des désastres serait trop longue si nous voulions la donner complète. Un comité de la Chambre de compensation de New-York procéda à l’examen du bilan de plusieurs établissemens, dont la solvabilité avait été mise en question, et vint au secours de tous ceux dont il avait reconnu la position comme intrinsèquement solide. Les espèces étaient toujours rares et extrêmement recherchées : on payait jusqu’à 4 pour 100 de prime, afin d’en obtenir.

Ce fut le point culminant de la crise. Elle se manifestait à