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l’exercice 1910-1011, l’excédent, en ce qui concerne les seuls articles de fer et d’acier, est de 900 millions de francs, en avance de 250 millions sur l’année antérieure. Les Etats-Unis obéissent à une tendance très intéressante à observer, qui a été celle de l’Allemagno dans le dernier tiers du XIXe siècle ; ils cessent peu à peu d’exporter les objets d’alimentation et développent leurs expéditions d’objets manufacturés. Le rejet du traité de « réciprocité, » qu’ils avaient préparé avec le Canada et que les récentes élections du Dominion viennent de condamner, contrariera le mouvement du côté de leur frontière nord ; mais il ne s’en poursuivra pas moins dans d’autres directions.

Le maintien des importations américaines, presque au chiffre le plus élevé qu’elles aient jamais atteint, démontre qu’il n’y a pas recul dans la richesse publique. L’excédent des exportations rétablit l’équilibre, un peu troublé précédemment, dans l’ensemble des échanges des États-Unis. Malgré les déceptions causées par les intempéries qui ont rendu médiocres des récoltes dont l’annonce était pleine de promesses, la situation est saine. On a calculé que les Américains du Nord avaient de 2 milliards et demi à 3 milliards de francs à remettre chaque année au dehors pour les dépenses de ceux d’entre eux qui voyagent, pour les acquisitions qu’ils font en cours de route, pour les intérêts de leurs titres que possèdent des étrangers. Lorsque les exportations sont insuffisantes, l’équilibre est établi par des placemens de titres en Europe, comme il en a été fait à diverses reprises, dans les derniers temps, notamment sur le marché de Paris. Notre cote officielle a admis récemment les actions de la Philadelphia Company, du chemin de fer Atchison-Topeka-Santa Fé, de l’American Telephone Company, sans compter plusieurs séries d’obligations de chemins de fer, tels que le Central Pacific et le Chicago Milwaukee Saint-Paul.

Les recettes des chemins de fer sont, dans tous les pays, un des indices intéressans du degré de prospérité : mais nulle part elles n’ont plus d’importance qu’aux Etats-Unis, tant par suite du développement du réseau qu’à cause du rôle essentiel que le rail joue dans les transports ; sauf dans la région des Grands Lacs, il n’existe guère de canaux, et, dans la plupart des États, les routes sont encore à l’état embryonnaire, de sorte que l’immense majorité des expéditions se fait par voie ferrée. Les