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à l’effet de contrôler les chemins de fer et de veiller à ce que leurs tarifs fussent égaux pour tous. Un procédé souvent employé par des industriels maîtres d’une ligne consistait à se faire consentir des tarifs de faveur qui les mettaient dans une situation privilégiée par rapport à leurs concurrens. Les pouvoirs de cette commission ont peu à peu été élargis : elle exerce aujourd’hui une juridiction étendue en matière de chemins de fer.

Cet ensemble de mesures législatives et d’actions judiciaires a pesé depuis quelque temps sur le marché américain. La crainte de les voir aboutir à une modification de l’état de choses existant, à la dissolution d’organes qui jouent un rôle important dans la vie économique du pays, a entraîné une baisse considérable des principales valeurs du marché de New-York ; le tableau suivant rapproche la cote du \cv janvier de celle du 30 septembre 1911 pour quelques-unes d’entre elles ; il indique également les cours de décembre, qui ont ramené plusieurs de ces valeurs à peu près au niveau du début de l’année.


Union Pacific Amalgamated Copper. Steel corporation General electric.
3 janvier 1911 170 62 72 152
30 sept. 1911 160 50 61 149
1er déc. 1911 173 63 64 154

La menace des poursuites gouvernementales a eu, sur le marché américain, des effets qui ont eu quelque analogie avec ceux du spectre de la guerre franco-allemande qui a hanté l’Europe durant la même période. Un autre élément s’y est ajouté : les récoltes, qui au printemps avaient été annoncées comme devant être très abondantes, n’ont pas tenu toutes leurs promesses, au moins en ce qui concerne les céréales. Il est vrai que l’élévation des prix compense en partie la diminution dans la quantité. D’ailleurs, vers la fin de l’année, les cours des valeurs, des actions de chemins de fer en particulier, ont retrouvé un niveau plus élevé. La place de New-York en 1911 s’est comportée à peu près comme les places européennes l’avaient fait en 1907. Elle avait subi, dans une certaine mesure, le contrecoup des événemens qui s’étaient déroulés dans l’ancien monde, et cela d’autant plus que la quantité de valeurs américaines possédées par des Français, des Anglais, des Allemands est incomparablement supérieure à celle des rares titres français,