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gouvernementales qui avaient, naguère, troublé quelque peu le mouvement des affaires. Sa stabilité politique est solide : à la fin de 1910, la mort du président Montt, celle du vice-président Albano, survenue quelques jours après, n’ont pas un instant paralysé le jeu normal de la Constitution ; le doyen des ministres a provisoirement assumé la présidence, jusqu’à la nomination régulière d’un président définitif, M. Ramon Barros Luco ; la transmission des pouvoirs a été parfaitement calme, malgré cette série d’accidens accumulés. Mais il est vrai, et les dirigeans de la politique chilienne ne le cachent pas, que les finances réclament un régime de recueillement, que le change trop bas assure des avantages seulement provisoires aux industriels mêmes qui en désirent le maintien, que les récentes émissions de papier-monnaie ont dépassé toute mesure, qu’il convient de moins sacrifier aux politiciens et, sur un territoire tout en façade, très vulnérable, de renoncer aux mesquineries du candilismo d’arrondissement. Homme d’âge et d’expérience, le président voudrait grouper autour de lui toutes les forces vives, élaborer et réaliser un programme qui dominerait les revendications des partis ; nous espérons qu’il n’a pas trop présumé de la clairvoyance patriotique de ses concitoyens. Nulle part de meilleur cœur qu’en France, et avec le désir plus sympathique de stimuler cet essor, on n’applaudira aux progrès de la nation chilienne, travailleuse et idéaliste tout ensemble, riche de cultivateurs, de pionniers, d’artistes et de soldats.


HENRI LORIN.