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Bismarck, qui achevait un geste de surprise, et Léon XIII, qui ébauchait contre ses fidèles un geste de mécontentement. Après avoir, sous Pie IX, reproché sans cesse aux membres du Centre d’être un parti purement religieux, une coterie sujette de Rome, et de se comporter en marionnettes du Pape, on leur reprochait, à présent, de n’être point assez bons papistes, de faire acte de politiciens médiocrement soucieux de la volonté papale, de rester des militans, alors que Léon XIII se montrait pacifique, et d’avoir, ou peu s’en fallait, des allures de révoltés.

Le Centre laissait dire : il se considérait comme chargé d’un rôle dans la lutte religieuse, et il allait le montrer. Le 3 décembre 1878, Windthorst, au Landtag, proposa le rétablissement des articles 15, 16 et 18 de la constitution prussienne, dans la teneur qu’ils avaient antérieurement à 1873 ; le M décembre il réclama l’abolition de la loi de 1875 qui frappait les ordres religieux. Cette seconde motion fut immédiatement discutée. L’Etat grossissait de 1 384 000 marks le budget de l’instruction, pour combler les vides qu’avait laissés l’émigration des sœurs enseignantes : un jeune debater du Centre, expert à manier les raisons et les chiffres, M. Julius Bachem, chicanait Falk sur ce gaspillage. Falk devait reconnaître que la motion présentée par Windthorst était une motion populaire ; et non sans dépit, Falk disait au Centre : Vous avez bien choisi votre terrain. Mais passant à l’autre proposition, qui tendait au rétablissement des trois articles constitutionnels, il notifiait, de son verbe impérieux : Ce n’est pas possible ; rétablir ces articles, ce serait supprimer toute la législation récente. « Ce que vous suggérez au gouvernement, ricanait-il, c’est l’idée d’une paix qui impliquerait sa subordination absolue. Ces propositions-là se font à un adversaire qui gît à terre, renversé, pieds et poings liés, non à un adversaire qui se tient debout et qui reste debout. » Il induisait qu’en demandant une telle paix, le Centre témoignait ne pas vouloir la paix. Le gouvernement, lui, avait mené la lutte, non pour la lutte elle-même, mais en vue de la paix, d’une paix qui pourrait s’étudier, — depuis longtemps le chancelier l’avait prévu, — lorsqu’on aurait un Pape pacifique. Ce Pape, nous l’avons, constatait Falk ; « la lettre du prince impérial à Sa Sainteté marque la base de la paix : il s’agit d’écarter de la discussion les questions de principe, qui entraînent des oppositions de principe. » On devait, d’après lui, envisager, tout